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Depuis 1992, nous luttons pacifiquement sur le terrain djiboutien, par voie médiatique (Renouveau, Voix de Djibouti en radio exilée, etc.), à travers la Toile (Premier siteweb de parti et autres réseaux sociaux) comme à l’extérieur du pays (Europe et Amérique du Nord, notamment). En cultivant l’unité de l’opposition. Bien sûr, nous avons vu à l’œuvre chez tels ou tels l’opportunisme, les ambiguïtés et la transhumance. Nous avons vu certains aller et venir entre le régime et l’opposition. Mais rien de tout cela ne nous aura ébranlés.

 

Le MRD sait que notre lutte pacifique et responsable exige clairvoyance et persévérance. Il sait que la lutte doit résolument s’inscrire dans une démarche participationniste : peuple-acteurs crédibles du changement. De sorte que la peu pertinente et récurrente question ‘’Qu’avez-vous pour nous ?’’, doit céder la place à la question impliquante et participative  que voici : ‘’Que pouvons-nous ensemble ?’’. Cela change la perspective, c’est-à-dire la manière de voir la lutte nôtre. La lutte devient alors l’affaire bien comprise de tous, car la situation ne laisse pas le choix de la résignation au peuple souffrant.

 

Les Djiboutiens, peu nombreux et qui vivent pour l’essentiel dans la capitale et les chefs-lieux de province, peuvent aisément interagir. Femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, cadres, intellectuels, écrivains, artistes, commerçants, religieux, coutumiers, journalistes et autres, si nous ne changeons pas, nous serons tous perdants, les mieux lotis encore plus que les autres.

Toi la sœur ou le frère qui nous déteste parce que ta famille soutient le régime et qu’elle te raconte que nous vous visons, ou parce que tu as peur pour ta place du moment, réveille-toi, nous ne visons personne. Nous ne voulons point de place, il n’y a d’ailleurs rien à prendre mais tout à sauver. Nous courons juste pour notre salut à tous. Salut contre quoi ? Salut contre ce danger que tu ne perçois pas parce que, justement, tu prends les pointeurs de danger que nous sommes pour le danger lui-même ! Ouvre donc les yeux sur les réalités, regarde autour de toi, regarde la misère sociale généralisée, l’état de ta famille élargie, l’état des autres familles élargies si tu estimes que la tienne s’en tire mieux. Regarde nos paysages urbains et ruraux, nos rues, nos nuits, nos jours. Regarde l’exode rural, cette jeunesse en proie à tous les risques et à toutes les manipulations. Regarde ce qui se passe dans notre région afro-arabe, vers ce passé qui nous parle. Regarde les frustrations et les rancœurs qui s’accumulent, regarde cet avenir incertain. Regarde encore et encore.

Dans un monde sans cesse plus impitoyable, qui voit les périls de toutes sortes s’amonceler, qu’ils viennent du gaspillage de l’environnement et de ses ressources (y compris l’eau) ou d’autres défaillances humaines, périls auxquels les contrées les plus fragiles telles que la nôtre sont les plus exposées, nous ne pouvons pas ne pas changer. Ce qui est en jeu n’est pas Ali ou Omar, Aicha ou Madina, telle famille ou communauté, mais notre sort à tous. Des vivants d’aujourd’hui aux générations à venir.

Vœu pieux que cet appel au changement de perspective ? Ce ne sera un vœu pieux que si nous abdiquons la raison et que nous continuons de nous laisser dériver vers les eaux sombres du naufrage. Or, nous savons d’expérience que l’Homo-Djiboutanus ne souhaite pas sombrer. Nous aimons tous la vie. Les bien lotis la veulent sans peur et les mal lotis la veulent à la fois décente et sans peur. Nous voulons tous une vie digne et décente, une vie où démocratie rime avec responsabilité, une vie fraternellement inclusive. Changeons donc de perspective avec le ‘’Que pouvons-nous ensemble ?’’ Pour changer la donne. Dans l’intérêt de tous.

Merci de votre fraternelle attention.

 

En développé

 

Permettez-moi, sœurs et frères, de vous adresser ces quelques lignes sur notre lutte pacifique et responsable pour le changement dans notre cher pays. Je voudrais d'abord faire un rappel qui ne me semble pas sans intérêt, puis partager avec vous quelques enseignements de notre expérience militante et un appel citoyen. 

Le Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (MRD), ancien Parti du Renouveau Démocratique (PRD), que j’ai l’honneur de présider, s’est engagé pour contribuer à l’avènement tant souhaité parce qu’indispensable de la démocratie et de l’Etat de droit dans ce pays. Nous l’avons fait avec de fortes convictions démocratiques et un courage qui ne se sont jamais démentis.

C’est depuis 1992 que le PRD devenu MRD œuvre sans relâche pour cette noble et juste cause qu’est la démocratie. La démocratie non de façade mais réelle. La démocratie comme alternative à l’oppression, à la corruption, à la misère de l’immense majorité, au désespoir et à l’avenir compromis. La démocratie telle qu’elle garantit la liberté, la justice, la solidarité, la bonne gouvernance et le développement durable pour tous. La démocratie comme chemin de la citoyenneté, de l’appropriation citoyenne de la chose publique et de la construction nationale. La démocratie telle que, par ces apports, elle garantit la paix civile et l’unité nationale. En un mot, la démocratie comme fondement de la République.

Notre engagement n’a jamais été une simple profession de foi, il s’est toujours traduit en actes. Le PRD devenu MRD a toujours agi sur le terrain, avec les Djiboutiens et pour les Djiboutiens. Dès la naissance du parti en septembre 1992, nous avons implanté ce dernier dans tous les secteurs géographiques de la capitale et de la province pour aller au contact du peuple et du pays. Nos fédérations et sections de base ont accueilli des Djiboutiens de toutes origines, de toutes conditions sociales et de tous âges qui se sont, ensemble, mêlés de ce que ce qui les regarde : la lutte pour le changement démocratique dans leur cher pays. Nos fédérations et sections de base sont devenues des lieux de rencontre, d’information, de sensibilisation mais aussi d’échange et d’amplification de la lutte vers le grand public.

Pour porter la voix du parti et celle des sans-voix, c’est-à-dire de l’immense majorité du peuple djiboutien, nous avons créé dès octobre 1992 l’hebdomadaire Le Renouveau qui, contre vents et marées, quinze ans durant (1992-2007, record de longévité inégalé pour une publication libre à Djibouti), a paru chaque semaine pour informer, analyser, dénoncer, interpeller mais aussi proposer. Sauf périodes de suspension, car il aura connu maintes persécutions, le Renouveau aura été au rendez-vous du jeudi avec ses nombreux lectrices et lecteurs. Pour reprendre la formule d’un écrivain djiboutien prometteur aujourd’hui disparu, il aura été la respiration de la semaine dans un paysage médiatique dominé par les médias du régime (Radiotélévision de Djibouti ou RTD, journal la Nation, journal Al Qaran, etc.).

Le PRD devenu MRD aura su épouser la révolution technologique et créer, le premier, dès 2000, son site web de parti politique, ce qui dotait le Renouveau d’une version électronique. Ainsi, la Toile, avec ses réseaux sociaux et ses nouveaux médias, aura permis de poursuivre la mission de l’hebdomadaire à la colombe. Secondée un temps, de Janvier 2010 à Juin 2011, par la première radio libre de l’histoire de Djibouti, La Voix de Djibouti ou LVD, qui émettait une fois par semaine, le jeudi, en ondes courtes, depuis l’Europe.

Le premier, notre parti aura également été à s’implanter hors de Djibouti avec des antennes en Europe et en Amérique du Nord, contribuant grandement à attirer l’attention du vaste monde sur la situation à Djibouti.

Au fil des ans, notre parti aura accumulé une expérience électorale lui permettant de développer un rapport distancié aux élections telles qu’elles ont cours à Djibouti.

Cet engagement en actes et pionnier à bien des égards, n’aura pas été aisé pour nous : nous l’aurons payé cher, très cher. Nous aurons subi toutes sortes de persécutons et consenti toutes sortes de sacrifices. Nous aurons connu la violence, la prison, l’exil, les confiscations de biens (personnels ou non), les privations en tous genres (privations d’emplois et autres activités professionnelles, etc.), le dénuement matériel. Nous aurons connu la maladie et la mort.

Mais cette persévérance, qui implique une grande résilience, n’aura pas été vaine, car elle aura contribué à la prise de conscience nationale et à la résistance à l’oppression. Par sa ténacité, notre parti aura encouragé de nouveaux acteurs à s’engager dans la lutte politique pacifique et des acteurs anciens à y venir depuis leur option initiale.

Attaché  à l’unité nationale, le PRD devenu MRD a toujours cultivé l’unité de l’opposition, unité dans la réflexion comme dans l’action. Il aura ainsi cofondé toutes les coalitions nées depuis 1992, depuis le Front uni de l’opposition djiboutienne (FUOD)[i], jusqu’à l’Union pour le salut national (USN), en passant par l’Opposition djiboutienne unifiée (ODU : Mars 1999-Janvier 2003), ou encore l’Union pour l’alternance démocratique (UAD : Janvier 2003-Janvier 2013). Ces coalitions ont connu des fortunes diverses. 

Depuis 1992, depuis que l’opposition peut exister et agir, difficilement certes, le peuple djiboutien a vu qui a fait quoi. Même les jeunes générations nées dans les années 1980 et 1990 ont vu qui a fait quoi.  

Notre parti a observé, chez certains, une faible résilience desservant un engagement sincère. Chez d’autres, il a observé la venue à la lutte par mécontentement personnel ou familial, choix souvent éphémère qui cesse avec sa cause. Il a vu à l’œuvre l’opportunisme, les ambiguïtés et la transhumance politique. Il a vu aller et venir entre le régime et l’opposition. Rien de tout cela ne l’aura ébranlé.

A la lumière de ce long parcours et de son pesant d’expérience, qui confortent ses idées sur la lutte pacifique dans un contexte difficile tel que celui djiboutien, le MRD sait que de l’organisation comme du militant la lutte pacifique exige des convictions fortes et une capacité de persévérance au-dessus de la moyenne. Il sait qu’une telle lutte, forcément inégale face à un régime qui dispose de tous les moyens de l’Etat, ne peut s’envisager comme une action ponctuelle ou court-termiste mais pour ce qu’elle est : un combat complexe et partant à considérer dans toutes ses dimensions. Il sait que l’hétéroclisme des acteurs politiques d’opposition n’est pas sans difficultés. Ce n’est pas la meilleure configuration pour la lutte.

Notre parti sait surtout qu’à un stade donné de la lutte, celle-ci doit s’inscrire dans une démarche participationniste : peuple-acteurs crédibles du changement. Parce qu’il a pris conscience de la nécessité du changement, sous l’effet conjugué de l’action de l’opposition crédible et des souffrances endurées, le peuple doit davantage s’impliquer. Clairement, il ne doit plus tendre à demeurer un vivier de militants et une masse à mobiliser: il doit participer à la réflexion sur les moyens de la responsable lutte pacifique et s’investir d’autant dans la traduction en actes des moyens ainsi co-imaginés avec les acteurs crédibles du changement.

C’est dire l’impérieuse nécessité de repenser la lutte. De sorte que la peu pertinente question ‘’Qu’avez-vous pour nous ?’’, qui revient sur les lèvres de beaucoup de Djiboutiens, doit céder la place à la question impliquante et participative  que voici : ‘’Que pouvons-nous ensemble ?’’. Ce ‘’Que pouvons-nous ensemble’’ change la perspective, c’est-à-dire la manière de voir la lutte nôtre. Celle-ci cesse d’être perçue comme relevant des seuls acteurs politiques dont le peuple attend (du fait de cette perception peu pertinente) une solution magique à son calvaire et qui pour beaucoup d’entre eux le déçoivent. La lutte devient l’affaire bien comprise de tous : le ‘’je’’ se fait actif pour induire un ‘’nous’’ actif. Le ‘’Que pouvons-nous ensemble ? ‘’ est en réalité une injonction à soi. C’est un ‘’Que puis-je faire de responsable et d’utile avec mes concitoyens pour notre pays et donc pour moi-même’’ ?  Oui, parce que la situation ne laisse pas le choix de la résignation au peuple : les souffrances qu’il endure, lui enjoignent de réagir et d’agir avec responsabilité. Devenant ainsi acteur responsable de sa lutte, le peuple va évoluer dans son rapport aux partis politiques et à leurs dirigeants. Il ne sera plus englué en une position de demandeur passif mais occupera son espace de patron légitime, écouté et respecté comme tel

Ce changement de perspective nous semble d’autant plus pertinent que notre pays est de taille modeste et que le peuple djiboutien, un peu plus de huit cent mille habitants selon les plus hautes estimations, vit pour l’essentiel dans la capitale et les chefs-lieux de province. C’est un atout en termes de possibilités d’interaction citoyenne et participative.

Bien entendu, un tel changement de perspective ne s’adresse pas seulement aux anonymes de la masse populaire, il s’adresse aussi aux moins anonymes. Il s’adresse aux cadres et aux moins cadres. Il s’adresse aux intellectuels, aux écrivains, aux artistes, aux commerçants, aux religieux, aux coutumiers, aux journalistes et autres défenseurs des droits humains. Il s’adresse aux femmes et aux hommes, à la jeunesse dans toutes ses composantes. Il s’adresse à tous celles et ceux qui n’abdiquent pas la raison. Il s’adresse à tous puisque, encore une fois, le salut responsable de ce pays est l’affaire de tous : nous sommes, tous, si concernés qu’en cas de péril nous y perdrons tous, les mieux lotis perdant encore plus que les autres.

Nous pensons qu’il n’y a pas d’humains souhaitant se nuire à eux-mêmes, du moins pas consciemment et pas en nombre significatif, qu’il n’y en a pas qui souhaitent se priver du présent et de l’avenir. Nous pensons que tout Djiboutien rêve d’avancer, d’améliorer sa situation et d’envisager l’avenir avec sérénité. Nous pensons que personne, quelle que soit sa situation, n’aime vivre la peur au ventre et que tout un chacun préfère la quiétude à l’angoisse. Pour lui-même comme pour tous les êtres chers. Voilà pourquoi, pour chaque membre du corps social djiboutien, un regard sur soi est indispensable. Il y a urgence pour un examen de soi, un bilan de soi et un nouveau départ de soi.

Collectivement, cela implique, insistons-y, de rompre avec le modèle peu autonomisant ‘’locomotive-wagons’’ pour un modèle plus autonomisant, c’est-à-dire participationniste et responsabilisateur. Pour le dire autrement, il est temps que le peuple prenne toute sa place dans la lutte pacifique et responsable pour le changement national en bien.

Que tu sois jeune ou moins jeune, que tu sois homme ou femme, concitoyen, il est plus que jamais dans ton intérêt de te réveiller. Il est grand temps que tu comprennes que nous autres modestes militants de la liberté ne gagnons pas plus que toi au salut de ce pays. Djibouti n’est pas plus à nous qu’à toi. Sa perte te portera autant préjudice qu’à nous, et même plus si tu es mieux loti que nous. Nous autres avons beaucoup fait depuis toutes ces années, nous avons beaucoup donné, et nous continuerons, instruits de l’expérience accumulée. Mais il est temps que chacun prenne ses responsabilités et sauve sa part de ce pays qui nous est si cher.

Toi le galonné qui nous réprimes, toi le cadre aveuglé par ton confort du moment ou conscient mais entravé par la peur, toi le commerçant qui ne penses qu’à tes affaires du jour, toi l’entrepreneur lucide mais indécis, toi le religieux qui courbes l’échine et te prosternes devant le pouvoir, toi l’écrivain, l’artiste ou l’intellectuel complaisant ou silencieux, toi le coutumier qui renonces à dire la vérité, toi le journaliste encenseur, toi le magistrat aux ordres, toi le député qui dis oui à tout, toi l’opposant sans convictions, tu fais fausse route car tu contribues à la perte de ton pays et donc à ta perte. Toi le chômeur tout à tes pleurs, toi le jeune tout à tes gémissements, toi le parent désespéré, toi le démuni qui ne demande rien, tu entretiens tes souffrances par ta passivité si tu n’uses pas de tes droits démocratiques et constitutionnels.  

Toi la sœur ou le frère qui nous déteste parce que ta famille soutient le régime et qu’elle te raconte que nous vous sommes hostiles, ou parce que tu as peur pour ta place du moment, réveille-toi, nous ne sommes hostiles à personne mais soucieux du sort de tous. Nous ne voulons point de place, il n’y a d’ailleurs rien à prendre mais tout à sauver. Ce qui nous fait courir c’est le salut de ton pays, de notre pays, et donc notre salut à tous. Salut contre quoi ? Salut contre ce danger qui te guette et guette le pays mais sur lequel ton regard glisse parce que tu es justement trop concentré sur ta place du jour et sur sa défense contre nous autres qui pointons le danger du doigt. Salut contre ce danger que tu ne perçois pas parce que tu prends les pointeurs de danger que nous sommes pour le danger lui-même ! Ouvre donc les yeux sur les réalités, regarde autour de toi, regarde la misère sociale généralisée, regarde l’état de ta famille élargie, regarde l’état des autres familles élargies si tu estimes que la tienne s’en tire mieux. Regarde nos paysages urbains et ruraux, regarde nos rues, nos nuits, nos jours. Regarde l’exode rural, regarde cette jeunesse désœuvrée en proie à tous les risques et à toutes les manipulations. Regarde ce qui se passe dans notre région afro-arabe, regarde vers ce passé récent et lointain qui nous parle. Regarde les frustrations et les rancœurs s’accumuler dans le pays, regarde les menaces qui se profilent à l’horizon, regarde cet avenir incertain. Regarde encore et encore.

Toi le haut dignitaire qui t’auto-suggères que ce régime est tien ou vôtre, qu’il est invincible, qu’il surmontera tous les obstacles et régnera toujours, tu n’es pas lucide. Tu es comme anesthésié par le court terme et ne rends service ni à ta personne, ni aux tiens, ni au pays. Regarde en toi, autour de toi et plus loin.

Encore une fois, toi Djiboutien, toi Djiboutienne, quelle que soit ta généalogie, quelle que soit ta situation sociale, que tu manges à ta faim ou non, un regard sur toi-même est indispensable. Prends le temps d’un effort de réflexion sur toi-même comme sur l’état des choses et des êtres dans notre pays. Prends le temps d’un recul par rapport au quotidien anesthésiant. Fais de l’exercice physique si tu n’en fais pas et aère-toi l’esprit pour réfléchir plus sainement. Tu ne peux pas continuer à fonctionner comme un automate, tout absorbé par tes routines. Tu ne le peux pas car tu cours, nous courons tous vers le mur. Oui, vers le mur.

Dans un monde sans cesse plus difficile, sans cesse plus impitoyable, qui voit les périls de toutes sortes s’amonceler, qu’ils viennent du gaspillage de l’environnement et de ses ressources (y compris l’eau) ou d’autres défaillances humaines et de leurs conséquences en tous genres, périls par lesquels les contrées les plus fragiles telles que la nôtre sont déjà et seront les plus touchées, nous ne pouvons pas ne pas réagir. Ce qui est en jeu n’est pas Ali ou Omar, Aicha ou Madina, ce qui est en jeu n’est pas telle ou telle famille, telle ou telle communauté, ce qui est en jeu c’est notre sort à tous, c’est nous tous. Des vivants d’aujourd’hui aux générations à venir. Nous tous.

C’est dire s’il est urgent que chacun, dans son esprit comme dans son action, soit à la hauteur des enjeux et prenne sa place, toute sa place dans le vital et responsable sursaut pour un pays meilleur, pour une République de Djibouti où il fasse bon vivre pour tous. Aujourd’hui comme demain.

Vœu pieux que cet appel au changement de perspective? Ce ne sera un vœu pieux que si nous abdiquons la raison et que nous continuons de nous laisser dériver vers les eaux sombres du naufrage. Or, à la lumière de notre modeste expérience de l’Homo-Djiboutanus, personne ne souhaite sombrer, car nous aimons tous la vie. Les bien lotis la veulent sans peur et les mal lotis la veulent à la fois décente et sans peur. Nous voulons tous une vie digne et décente, une vie où démocratie rime avec responsabilité, une vie fraternellement inclusive.

Changeons donc de perspective avec le ‘’Que pouvons-nous ensemble ?’’ pour changer la donne. Dans l’intérêt de tous.

Merci de votre fraternelle attention. 

 

 [i] En juin 1992, le PRD en gestation a participé à la création du Front uni de l’opposition djiboutienne (FUOD), première coalition des organisations djiboutiennes d’opposition, dont la présidence a été confiée au futur président fondateur du PRD, le regretté Mohamed Djama Elabe. Le PRD portait alors l’appellation de Mouvement pour la Paix et la Réconciliation (MPR) et œuvrait activement pour le règlement par le dialogue de la guerre civile qui opposait combattants du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD) et troupes gouvernementales depuis fin 1991.