Le PRD se voit arbitrairement retirer sa reconnaissance légale en 1997 suite au décès de son président fondateur, le regretté Mohamed Djama Elabe, victime d'une mystérieuse hémorragie cérébrale le 26 novembre 1996. Par ce retrait de légalité, il s'agit pour le régime d'éliminer de la scène politique le PRD qui est déjà le principal parti d'opposition.
Le PRD résiste à cet arbitraire en dépit de toutes les persécutions à lui infligées par le pouvoir : menaces de toutes sortes contre ses membres et sympathisants, arrestations, emprisonnements, privations d'emploi ou d'activité économique indépendante, saisie de matériel de travail et d'archives, suspensions de son journal Le Renouveau qui sera finalement interdit, contrainte à l'exil, etc.
A force de résistance, le PRD réussit à se faire re-légaliser sous l'appellation de Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (MRD) le 17 ovembre 2002 (Cf ci-dessous son récépissé de déclaration de parti politique).
Le PRD et futur MRD co-fonde toutes les coalitions significatives de l'opposition depuis sa naissance en 1992, et même un peu avant. Il participe aux élections législatives du 18 décembre 1992 et se voit crédité du score minoré par la fraude de 25%, participe à l'élection présidentielle du 7 mai 1993 où son candidat et président de parti Elabé se voit crédité du même score minoré par la fraude de 25%. Il participe à la présidentielle du 9 avril 1999 en soutenant le candidat unique de l’opposition, Moussa Ahmed Idriss, mais aussi aux législatives du 10 janvier 2003 sous la bannière, cette fois, de la coalition de l’opposition Union pour l’alternance démocratique (UAD) qui se voit dénier sa victoire et créditée de près de 40% des suffrages exprimés.
En juillet 2008
C'est par un décret du 9 juillet 2008 que le régime dissout arbitrairement le MRD. Pour motiver ce décret présidentiel, le pouvoir fabrique et met en avant un faux grossier : un document ridicule dans le fond comme dans la forme dont nous publions une copie ci-dessous. C'est donc sur ce faux grossier que le régime fonde son décret de dissolution du MRD, décret dont nous publions une copie ci-dessous.
Bien entendu, le MRD rejette cette dissolution arbitraire et attaque en justice le décret présidentiel. Dans un pays démocratique, ce décret aurait rapidement été annulé par la justice et le Chef de l’État aurait subi les conséquences judiciaires et politiques de son acte, mais à Djibouti prime la volonté du prince. De sorte que, près de 9 ans après, le MRD attend toujours que justice lui soit rendue: l’affaire est pendante devant la justice.
Depuis 2008
Comme on peut l'imaginer, cette dissolution arbitraire ne paralyse pas le principal parti d'opposition qui poursuit ses activités. Ainsi, le MRD co-fonde en janvier 2013, après une période de boycott électoral de dix ans observé par l'opposition, une nouvelle coalition, Union pour le salut national (USN), regroupant tous les partis d'opposition, et participe sous cette bannière aux législatives du 22 février 2013 que l’opposition gagne à hauteur de 52 sièges sur les 65 que compte l'Assemblée nationale.
Cette victoire de l’opposition, un hold-up électoral du régime, qui dénie pas moins de 42 sièges à l'USN, la transforme en crise post-électorale, crise qui donne lieu, entre l'opposition et le gouvernement, à la signature d'un accord-cadre politique le 30 décembre 2014. Cet accord, qui prévoit notamment des réformes démocratiques telles que la mise en place d'une Commission électorale nationale indépendante paritaire (CENI) et un statut de l'opposition, n'est toujours pas appliqué par le régime.
Aujourd'hui, le principal parti djiboutien d'opposition, auxquels appartiennent trois des huit députés de l'opposition qui siègent à l'Aslée nationale, double son action politique d'un volet social participatif fort accueilli par les Djiboutiens que la mal-gouvernance a très majoritairement appauvris. Ce volet social comprend une action de microcrédit endogène, solidaire et sans intérêts, une action de soutien à l'apprentissage de la lecture pour les élèves en difficultés scolaires, une action de promotion de l'agriculture verticale par l'introduction du sac potager, une initiative de dons de denrées alimentaires des Djiboutiens qui mangent encore à leur faim à ceux qui ne mangent plus à leur faim,etc.
Et c'est cela qui dérange le régime: non seulement le MRD continue de résister politiquement mais il agit également sur le terrain social à des fins de capacitation populaire par l'action participative. C'en est tout simplement trop pour le régime qui, au lieu de s'inspirer des idées du MRD et de soulager la misère sociale qui frappe la majorité des Djiboutiens, manie la répression contre notre parti.
C'est choquant, ridicule, incroyable mais...vrai à Djibouti.
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI
Décret n°2008-0167/PR/MID portant dissolution d'un parti politique.
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DU GOUVERNEMENT
VU La Constitution du 15 septembre 1992 ;
VU La Loi n°1/AN/92/2ème L relative aux partis politiques en République de Djibouti ;
VU Le Rapport du Ministre de l'Intérieur ;
VU Le Message adressé par le Mouvement pour le Renouveau Démocratique et le Développement au Président de l’Érythrée.
DECRETE
Article 1er : En application de l'article 13 de la Loi n°1/AN/92/2ème L relative aux partis politiques en République de Djibouti, le mouvement pour le Renouveau Démocratique qui a invité le Chef de l’État Érythréen à envahir la République de Djibouti et à atteindre ainsi à l'Indépendance Nationale, à l'intégrité du territoire et à l'unité de l'état, est dissout.
Article 2 : Les biens du Mouvement pour le Renouveau Démocratique sont liquidés conformément aux dispositions de ses statuts ou à défaut conformément aux dispositions régissant les associations.
Article 3 : Le présent décret qui s'applique immédiatement sera publié au Journal Officiel.
Fait à Djibouti, le 09 juillet 2008.
Le Président de la République,
chef du Gouvernement
ISMAÏL OMAR GUELLEH