Un parti politique est une force de proposition qui a vocation à diriger un pays. Notre Constitution le reconnaît qui dispose en son article 6 : ‘’Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage’’.
D’un parti politique, l’on attend donc des idées articulées en un programme. Étant entendu qu’un programme est sous-tendu par un projet de société qui lui donne son sens autour de la question fondamentale ‘’Dans quelle société voulons-nous vivre ?’’ Pour nous, cette société doit être démocratique, inclusive et prospère, ce qui passe par une bonne gouvernance.
Au MRD, nous avons toujours agi en conséquence, proposant et interagissant avec nos concitoyens, sans ignorer nos partenaires. Dit autrement, nos idées ne sont pas que de nous, elles sont aussi de vous, car nous sommes à votre écoute attentive.
Dans ce cadre, nous revenons avec une nouvelle initiative de vulgarisation de nos idées. Pourquoi les vulgariser ? Parce que nous avons jugé qu’une présentation pédagogique de nos idées favoriserait leur meilleur partage avec le plus grand nombre de Djiboutiennes et de Djiboutiens.
Et pour donner à ses destinataires le temps de bien la lire et d’y réagir quand ils le jugent utile, nous choisissons de diffuser cette vulgarisation en feuilleton. En clair, nous la publions secteur d’action après secteur d’action.
Nous précisons que ces idées sont organisées en socles : Socle démocratique et institutionnel, Socle Économie et Finances, Socle Social, Socle Ruralité et Environnement, Socle Infrastructures, Socle Énergie et Eau, Socle Défense et Relations Extérieures. Comme vous allez le noter, chaque socle recouvre au moins deux secteurs d’action.
Nous précisons encore que cette vulgarisation s’efforce, pour exposer les idées forces, de ne pas s’alourdir de développements techniques.
Dès aujourd’hui, nous mettons en ligne le premier socle qui porte sur la démocratie (droits de l’Homme compris) et le secteur institutionnel.
Bonne lecture.
Socle démocratique et institutionnel
Servir
Gouverner un pays, c’est se mettre au service de son peuple. C’est le servir. C’est répondre à ses besoins et aspirations.
Gouverner c’est donc s’inscrire dans un rapport de serviteur-patron. Le serviteur est le gouvernant et le patron, le peuple souverain.
Pourquoi ? Parce que la gouvernance publique n’a de sens que par rapport au peuple qui fait pays et dont les gouvernants sont des filles et fils.
Et, on l’imagine aisément, servir le peuple implique un contrôle démocratique et une reddition des comptes (les anglophones parlent d’accountability) : les gouvernants (serviteurs) sont soumis au contrôle des gouvernés (patron à servir).
Dans les règles
Il s’ensuit que gouverner ne va pas sans règles. Il faut des règles pour le service du peuple, des règles pour fixer les droits et devoirs du citoyen mais aussi les obligations et attributions de ses gouvernants.
C’est le sens de la Constitution par laquelle le peuple organise, par voie démocratique, les pouvoirs de son État (législatif, exécutif, judiciaire) et autorise les autres règles de droit que cette Loi Suprême permet d’édicter. Des règles qui ne peuvent, bien entendu, être contraires à la Constitution.
A Djibouti, la Constitution organise la séparation des trois pouvoirs constitutifs de l’État en tant qu’institution politique centrale : pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire. Il s’agit d’une séparation d’essence démocratique que nous voulons effective. Afin de parachever le pouvoir législatif, nous voulons instituer le Sénat que prévoit la Constitution djiboutienne. Tout comme nous voulons, concernant le pouvoir exécutif, rétablir la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels afin qu’un Président de la République ne soit rééligible qu’une fois. Pour garantir le respect de ces principes constitutionnels et de tous les autres, nous voulons renforcer l’indépendance du Conseil constitutionnel, notamment dans sa composition (membres).
Gouverner dans les règles, disons-nous. Dans le respect de la légitimité populaire aussi.
Dans le respect de la légitimité populaire
En vertu de la Constitution djiboutienne, et en bonne logique démocratique, les gouvernants ne peuvent être gouvernants sans légitimité populaire exprimée dans le cadre de la Loi. A cet égard, notre Loi Suprême est très claire qui dispose que ‘’la légitimité populaire est le fondement et la source de tout pouvoir qui s'exprime par le suffrage universel, égal et secret’’ (Article 4).
En d’autres termes, nul acteur politique ne peut gouverner le peuple djiboutien si celui-ci n’a pas clairement exprimé sa volonté en sa faveur, ne l’a pas démocratiquement choisi par les urnes. Accéder ou rester au pouvoir sans passer par les urnes ou gouverner sans élections libres et démocratiques, est donc usurper le pouvoir d’État.
Au plan électoral, nous voulons introduire une dose significative de proportionnelle pour les législatives en vue d’une meilleure représentation démocratique des sensibilités politiques. Il s’agit de marier le principe d’équité démocratique et la nécessité d’une majorité démocratique. De même, nous entendons mettre en place une Commission électorale nationale indépendante paritaire et permanente (CENI), chargée du processus électoral depuis la confection des listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats. Cela est prévu par l’accord-cadre entre le gouvernement et l’opposition du 30 décembre 2014, en ligne avec la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance.
Nous voulons également lever les entraves à la pleine participation des citoyens, y compris ceux de la diaspora, à la vie politique nationale. Le droit de vote et de candidature ne doit plus être régi par des considérations politiciennes.
Nous voulons encore relever le niveau du débat politique et renouveler la pratique du pouvoir pour une poursuite résolue de la construction nationale. Il est essentiel que ceux des Djiboutiens qui ne le font pas encore apprennent à se déterminer, non pas en fonction de réflexes communautaires, mais selon leurs convictions politiques.
Ce, non sans démocratie locale.
Non sans démocratie locale
Pour développer la démocratie locale, nous voulons une véritable décentralisation, non une mascarade. Cela implique un transfert effectif de compétences et de ressources depuis l’État central vers les collectivités territoriales.
La décentralisation, soulignons-le, ne répond pas uniquement à un impératif d’enracinement local du débat démocratique. Elle répond également à la nécessité d’une meilleure appropriation, dans le concret de la proximité, de la gouvernance publique par les gouvernés. Elle obéit encore à l’exigence légitime d’un développement national qui soit aussi inspiré d’en bas, ce qui contribue à prévenir les errements d’un développement plaqué d’en haut sur les gouvernés.
Non sans respect ancré des libertés publiques et des droits humains.
Dans le respect des libertés publiques et des droits humains
La Constitution djiboutienne adhère à la Déclaration universelle des droits de l’Homme comme à la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Elle consacre les libertés fondamentales et les droits de l’Homme. Nous voulons leur respect effectif.
Pour renforcer la participation citoyenne et la liberté d’expression, nous entendons encourager la société civile, les médias indépendants et garantir l’accès équitable aux médias publics.
Le tout, dans la compétence, l’intégrité, l’efficacité et avec une administration respectueuse de sa neutralité politique
Un État ne peut correctement fonctionner si ses serviteurs ne sont pas compétents, intègres, efficaces et dévoués au service du peuple souverain.
Cela est vrai pour les décideurs politiques qui doivent posséder ces qualités qui sont autant de critères de confiance et de sélection par le peuple.
C’est vrai aussi pour les agents de l’État, qu’ils soient civils ou militaires, qui font fonctionner l’appareil administratif.
En effet, c’est à travers son administration que l’État accomplit ses missions. C’est sur elle que s’appuient les gouvernants pour mettre en œuvre les programmes sur lesquels ils ont été élus par le peuple souverain. Et tandis que les gouvernants changent, si le peuple souverain vote pour une alternance démocratique, l’administration demeure. Elle incarne ainsi la continuité de l’État. D’où la nécessité de sa neutralité politique, de son intégrité, de son efficience et de son dévouement au service des administrés, c’est-à-dire des gouvernés.
A Djibouti, l’administration s’est dégradée sous l’effet de la mauvaise gouvernance. Elle s’est politisée, enfoncée dans la corruption, de sorte que sa qualité a sérieusement baissé au détriment des gouvernés.
C’est dire si l’administration djiboutienne doit être réhabilitée. Elle doit devenir politiquement neutre et retrouver ses missions administratives. Pour ce faire, les principes fondamentaux de réserve politique, de compétence professionnelle, d’intégrité et d’efficacité doivent présider à sa culture managériale.
De sorte que, dans la gestion des ressources humaines, le salaire décent, la récompense des performances et l’avancement par le mérite prévalent pour remotiver le personnel et redynamiser le travail administratif au service du peuple.
C’est notre volonté politique.
A suivre.