Le sport est bon pour la santé, a-t-on coutume de dire. Ce n’est pas un abus de langage. En effet, le sport, qu’il soit collectif ou individuel, est source de nombreux bienfaits, à la fois au plan physique et au niveau mental. De même, il a un impact positif du point de vue socio-économique et à l’international.
Commençons par rappeler les principaux bienfaits du sport. Physiquement, le sport fait du bien au cœur qu’il renforce. Il régule la tension, contribue à maintenir les muscles. Il n’oublie pas les os qu’il développe, prévient les difficultés articulaires. Il favorise le transit intestinal et aide à mieux respirer. Il contribue à amincir la personne et à rendre sa silhouette tonique. Mentalement, le sport améliore les performances intellectuelles de la personne. Il permet d’évacuer le stress, favorise la volonté et nourrit la ténacité. Le sport est encore bon pour le sommeil et donc pour l’indispensable repos récupérateur. Une personne qui fait du sport dort mieux et évacue mieux les tensions du quotidien. Elle sait qu’une bonne fatigue physique est la garantie d’un sommeil profond et réparateur. C’est dire si le sport procure un bien-être général à celle ou celui qui le pratique.
Par ailleurs, le sport contribue à la socialisation, c’est-à-dire l’appropriation des valeurs et normes sociales. C’est le cas notamment chez les jeunes. On le sait, la pratique sportive, surtout si elle est collective, entraîne des interactions avec autrui. Ces interactions ne sont pas sans effet sur le jeune individu en termes de socialisation : elles l’aident à mieux intérioriser les valeurs et normes sociales. Par exemple, le sport favorise l’inculcation de certaines valeurs fondamentales telles que le respect, la solidarité, ou encore l’honneur. Le sport crée encore, au-delà de sa contribution à la socialisation des jeunes, du lien social. En effet, le sport permet à la personne de nouer et ou de développer des relations sociales avec d’autres personnes. Des relations d’amitié peuvent, par exemple, naître de la pratique du sport.
Au plan économique, le sport soutient l’activité nationale : il génère des emplois, auto-emplois et autres profits, c’est-à-dire des revenus pour les ménages et des impôts pour l’État. Il faut dire que toute une série d’activités professionnelles (habillement, installations et équipements, formation, entraînement, certains médias, etc.) vivent directement du sport et des sportifs, tandis que d’autres activités en profitent de manière indirecte.
Sur la scène internationale, le sport professionnel contribue au rayonnement du pays. Rappelez-vous le coup de projecteur positif que, à l’échelle mondiale, chaque victoire de nos rares athlètes de niveau international constitue pour notre petit pays.
Il n’est point étonnant, dans ces conditions, que l’état de développement du sport puisse apparaître comme un indicateur de gouvernance publique. Dit autrement, une bonne gouvernance publique se reflète aussi dans le développement du sport national. Gardons toutefois à l’esprit que certains pouvoirs politiques développent et instrumentalisent le sport pour masquer leurs défaillances dans d’autres domaines de la vie nationale. Nous pensons notamment à ces régimes autoritaires ou totalitaires sous lesquels les bonnes performances des sportifs sur le sol national et à l’international contrastent avec les souffrances des peuples gouvernés.
Et à Djibouti ? Rappelons d’abord que notre pays a un grand potentiel sportif, notamment au plan de l’athlétisme. Nos quelques succès internationaux en la matière, en témoignent : ils montrent que nos sportifs sont capables de se hisser parmi les meilleurs du monde si les moyens leur en sont donnés par les gouvernants.
Malheureusement, comme dans d’autres domaines, le sport reste un parent pauvre à Djibouti. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir l’insuffisance des ressources et moyens consacrés au sport, leur mauvaise gestion, la corruption multiforme, le découragement perceptible des fonctionnaires et bénévoles du sport, le nombre peu élevé de pratiquants, la faiblesse répandue de nos performances sportives, le champ libre que cette carence laisse aux comportements à risques comme la consommation du khat ou d’autres produits peu recommandables, etc. C’est un tableau affligeant.
Le sport doit pleinement occuper sa place dans la vie des personnes et du pays. Il y a urgence pour le développement sportif qui est, insistons, un impératif de santé publique, de socialisation des jeunes et de prévention des comportements à risques. C’est une source d’activités économiques génératrices d’emplois et de revenus, une source de lien social pour tous ses pratiquants. C’est encore un facteur de rayonnement international, ce qui ne dessert pas la cohésion nationale.
Aussi nous faut-il développer le sport national comme il se doit, à tous points de vue, depuis le jeune âge, au niveau local, au niveau régional et au plan national. D’où nos propositions suivantes qui ne prétendent pas à l’exhaustivité :
- Sensibiliser la population aux bienfaits du sport et encourager sa pratique dans les quartiers urbains et localités rurales (campements nomades ou semi-nomades compris). Sensibilisation soutenue, menée dans la durée et qui se traduise dans une pratique généralisée ;
- Développer l’éducation physique et sportive à l’école ;
- Garantir l’existence des installations et autres fournitures sportives pour répondre aux besoins en sport de la population, notamment chez les jeunes ;
- Promouvoir les rencontres et autres compétitions sportives entre régions djiboutiennes, mais aussi entre localités de chaque région, entre villes de chaque région, entre pasteurs nomades de chaque région, entre citadins et ruraux de chaque région ;
- Promouvoir les compétitions sportives nationales de haut standard pour permettre à nos sportifs et à nos équipes de parvenir au plus haut niveau international ;
- Développer le sport professionnel, notamment par la formation et l’offre d’opportunités de carrières sportives ;
- Renforcer les associations et organismes publics chargés du sport, notamment par de meilleures pratiques de gestion, que ce soit au niveau de l’État ou associatif. A cet égard, le ministère de la jeunesse et des sports ainsi que nos fédérations sportives (qui reposent sur le principe du bénévolat) sont à réhabiliter pour qu’ils soient à la hauteur des enjeux. Il nous faut notamment accroître leurs moyens et ressources, qu’il s’agisse de la formation, de l’encadrement de terrain, des installations et équipements sportifs, de la conception et du pilotage des activités, de l’évaluation du système, ou d’autres aspects ;
- Viser l'excellence aux niveaux national et international dans le respect de l’esprit sportif (fair-play, dépassement de soi…).