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Catégorie : Le projet
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Pour mener à bien sa mission multiforme et exaltante, l’Etat a, bien entendu, besoin de ressources. Ces ressources sont de différents ordres. Elles sont  humaines, financières et matérielles.

Les femmes et hommes que l’Etat emploie sont ses salariés. Ils ont des droits mais aussi des devoirs. Leur statut est défini par les lois et règlements de la République. Leur rôle aussi. Ils agissent conformément à la Loi, en accord avec les directives reçues des autorités politiques.

Ils sont, nous le savons, ce que l’on appelle les agents de l’Etat. Ils sont, par définition, des serviteurs, non des profiteurs. Ils ont pour mission de travailler à la mise en oeuvre de la gouvernance publique. Ils sont au service de l’effort de développement que poursuit l’Etat. Ils sont censés être l’instrument fidèle, intelligent et consentant de l’action étatique.

 

1 - L’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut

 

Ils doivent par conséquent répondre aux critères objectifs édictés pour les tâches qu’ils sont appelés à effectuer. Il leur faut être compétents et méritants. Il leur faut être intègres et dévoués. D’eux sont exigés dynamisme et conscience des enjeux nationaux.

Le népotisme, le tribalisme, la corruption et autres maux à l’œuvre à tous les niveaux de l’appareil d’Etat doivent disparaître. Que cessent ces recrutements qui obéissent à des considérations de bas étage ! Que s’arrête l’embauche à la filiation, aux relations d’intérêts et autres critères douteux ! Plus de prime à l’appartenance communautaire, au sexe ou à l‘allégeance politique ! Place au talent, à l’intelligence et à la valeur de l’individu. Place au professionnalisme. Le mérite doit être récompensé.

Des maux qui minent notre appareil administratif et institutionnel, il nous faut guérir par une gestion rationnelle et volontariste des ressources humaines. Une gestion qui fasse adhérer les uns et les autres, soit fondée sur une approche inclusive, conforme à l’intérêt général.

Il est grand temps de mettre où il faut l’homme qu’il faut, la femme qu’il faut. Grand temps que chaque agent trouve sa place, serve au mieux la société. Que chaque agent donne sa pleine mesure.

Au plan financier, l’Etat dispose principalement de ce que l’on appelle les prélèvements obligatoires, c’est-à-dire les impôts et autres taxes qu’il tire de l’activité économique. Il est aussi propriétaire d’établissements publics et sociétés d’Etat. Ce sont ses monopoles. Il est même parfois actionnaire d’activités relevant du secteur privé. Il reçoit, en outre, des fonds au titre de l’aide internationale, sous forme de dons ou de prêts à des conditions plus ou moins avantageuses.

Ce sont des ressources qui, bien gérées, sont de nature à financer l’action publique saine et multiforme que nous appelons de nos voeux. Les gérer comme il se doit, requiert, non des décisions douteuses, mais un projet clair sous-tendu par une vision politique digne de ce nom.

   En termes concrets, l’Etat doit d’abord revoir sa politique fiscale en fonction de sa politique économique, reflet de sa politique générale et de ses objectifs de développement. Il doit cesser de naviguer à vue, quasiment au jour le jour, et concevoir une fiscalité qui encourage les investissements sans appauvrir les pouvoirs publics et hypothéquer la construction nationale. C’est possible si l’on mène la réflexion nécessaire et que l’on s’inspire des réussites des autres quand elles présentent assez de similitudes avec notre cas pour nous être adéquates.

 La pression fiscale actuelle n’est pas appropriée. Elle ne s’inscrit point dans une démarche cohérente de développement, ne prend guère en compte les errements constatés, ne corrige point comme il se doit les dysfonctionnements. Ainsi se voile-t-elle la face sur le faible rendement fiscal, sur l’évasion de l’impôt, sur la corruption et les compétences que l’on brade, bref sur la mal-gestion en cours des deniers publics. Elle refuse de s’attaquer aux causes du mal et préfère frapper encore plus fort les honnêtes contribuables. Cette façon de faire ne peut plus perdurer. Elle est contre-productive.

Nous sommes pour une fiscalité moins douloureuse, moins décourageante, mais plus efficace.

Les moyens matériels n’en sont pas moins importants. Il ne s’agit pas de gaspiller l’argent public, d’acquérir du matériel dont le besoin n’est point justifié. Il n’est pas question de surfacturer et de se servir, de lancer des marchés injustifiés et de ponctionner. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur la mauvaise qualité des ouvrages et autres réalisations publics.

Assez des éléphants blancs et autres projets mort-nés ! Assez de ces usines fantômes, de ces ports à l’abandon, de ces évacuations d’eaux pluviales jamais achevées ! Assez de ces routes défoncées, de ces cloaques d’eaux usées ! Non à ces écoles et dispensaires peu fonctionnels, peu sûrs et truffés de défauts ! Non au pillage du parc immobilier de l’Etat ! Non aux véhicules et logements de complaisance !  Assez des millions et des milliards de nos francs qui sortent des caisses publiques pour les poches des décideurs et de leurs complices !

Les moyens matériels de l‘Etat doivent correspondre à ses besoins réels, non fictifs. Ils doivent répondre aux règles de la bonne gouvernance, s’administrer par les hommes et les femmes qu’il faut.  Ils doivent être gérés dans la transparence, soumis au contrôle administratif et judiciaire. Leur raison d’être ne peut être autre que l’intérêt général.

Bien gérer les ressources, qu’elles soient financières ou matérielles, commande, nous l‘avons dit, de mettre où il faut l’homme et la femme qu’il faut. Au bon dromadaire la bonne charge, pour reprendre une expression pastorale. C’est vital pour une gestion optimale et transparente.

 

2 - Les règles et les méthodes qu’il faut

 

Et à ces serviteurs de l’Etat, il faut de bonnes méthodes de gestion. Il leur faut pratiquer les règles éprouvées en la matière. Nous pensons à la séparation salutaire des ordonnateurs et des comptables, au contrôle administratif (à priori et à posteriori). Il nous faut de véritables contrôleurs financiers qui veuillent au grain en amont pour que chaque sou aille où il est affecté. Nous pensons également au contrôle judiciaire avec une cour des comptes pleinement indépendante. Elle doit traquer les infractions aux règles, être la gardienne de l’intégrité et de la rigueur.

Autre règle à suivre par l’Etat gestionnaire, la retransmission en direct des débats publics, sur les finances ou non, particulièrement à l’assemblée nationale, lieu de la représentation nationale, doit être instaurée. Point une mise en scène, mais une vraie ouverture qui permette un véritable contrôle populaire. C’est fort utile. Tout comme l’est la familiarisation du citoyen avec les services de l’Etat. Des initiatives telles que les journées portes ouvertes permettent au public de voir sur le terrain comment et pourquoi l’Etat fonctionne dans les domaines qui sont les siens.

Des techniques aussi. Pour optimiser l’accomplissement de sa mission de gestionnaire, l’Etat doit recourir aux techniques de pointe. L’analyse prévisionnelle, le suivi en temps réel des ressources et de leurs emplois, les interventions correctives, etc. s’imposent. L’usage de l’outil informatique offre de grandes possibilités pour baliser le chemin et réduire les risques d’une gestion à vue. Il rend plus aisée la gestion prévisionnelle, permet le suivi en temps réel, autorise des simulations éclairantes. Il facilite également l’accès populaire -par voie d’Internet- aux informations publiques ainsi que l’exige le principe salutaire de la transparence. Il n’est pas inintelligent d’envisager l’informatisation d’un certain nombre de relations entre les gouvernés et l’Etat, entre les citoyens et la République, entre les usagers et l’administration.

 

3 - Les orientations qu’il faut

 

Bien entendu, les agents de l’Etat ne peuvent mener leur rôle de serviteurs sans être orientés. Les décideurs politiques doivent leur fournir la boussole, la feuille de route qui convient. Car c’est aux politiciens qu’il appartient d’indiquer la voie, de dire les priorités, en fonction de leur programme politique approuvé par le peuple souverain. De ce point de vue, il est indispensable de prioriser les dépenses publiques, en privilégiant les secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé, l’emploi, les jeunes et les femmes, les infrastructures de base, la culture nationale (enracinement démocratique compris), ou la sécurité au sens large qui englobe la paix civile et le cadre juridico-judiciaire.

Nos objectifs d’un Etat éducateur, protecteur, responsabilisateur, développeur et bon gestionnaire doivent, voyons-nous, se traduire dans la politique budgétaire. Il nous faut arbitrer avec clairvoyance et transparence pour parvenir à un bon équilibre entre les besoins en financement public et les contraintes de notre souci de développement. Le niveau de prélèvements doit être tel qu’il autorise notre attractivité et notre compétitivité sans nous priver des ressources vitales pour financer l’action publique. La résolution d’une telle équation ne nous paraît point impossible. Pourvu que l’on procède avec intelligence, transparence et pédagogie.

 

4 - Réfléchir et faire réfléchir

 

 Il est clair que, au-delà des règles et techniques, l’Etat gestionnaire doit se nourrir d’une réflexion humaine permanente, qui éclaire régulièrement les décideurs, détecte les problèmes, y suggère des solutions. L’on ne peut pas faire l’économie d’une bonne veille, loin des errements actuels par lesquels s’illustre crûment le déficit de volonté politique de nos prétendus gouvernants. Pour cela, il nous faut, tant au niveau micro que macro-économique, une collecte et un traitement des données nationales, qu’elles soient économiques, financières, sociales ou autres. Sans oublier l’international qui influence notre vie nationale. Nous avons besoin d’une bonne comptabilité nationale, mais pas seulement. Si, en effet, un gestionnaire ne peut se passer de chiffres fiables, d’états statistiques fidèles, il ne peut non plus faire l’économie d’analyses approfondies qui intègrent ces données et aillent plus loin, qui manient autant de paramètres que nécessaire. Il s’agit de donner la parole à la fois aux chiffres et aux humains sur lesquels ils sont censés informer, à l’environnement national et à celui global, aux modèles théoriques et aux réalités concrètes. Il s’agit de confronter tout cela pour en dégager des possibilités d’action au service de la nation. Enquêter et étudier, dialoguer constamment avec le corps social, scruter le vaste monde, mettre à contribution les talents et compétences, expérimenter et évaluer, voilà une façon de faire qui nous semble utile pour que l’Etat tire le meilleur profit des intelligences et des opportunités. A défaut, il avance au jour le jour, à l’aveuglette. Il n’est point à l’abri des risques.

Sans tableau de bord, sans s’éclairer à la lumière du passé, du présent et de l’avenir, l’on ne peut prétendre à la performance.

Et pour l’Etat, faire preuve de bonne gestion n’est pas seulement positif pour son fonctionnement. Cela a une plus grande portée. La bonne gestion publique peut et doit rejaillir sur le reste de la vie nationale. Par le rayonnement de ses performances et de ses bonnes moeurs, l’Etat exerce un effet d’entraînement sur la société. Il promeut et enracine de bons réflexes. La morale publique influence favorablement le secteur privé. Elle finit par gagner les ménages dont elle améliore la gestion du foyer. Bien gérer le public est développant. L’image extérieure du pays y gagne.