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Catégorie : Le projet
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Un Etat digne de ce nom ne peut pas ne pas définir et conduire une politique extérieure. C’est important, très important. Et pas seulement pour des raisons de prestige. C’est l’intérêt national qui le commande.

Dans un monde aussi interpénétré, aussi globalisé, où aucune nation ne peut vivre sans les autres, où les économies comme les humains se mêlent au quotidien, il est vital de concevoir et de développer une politique extérieure qui tienne la route. A fortiori pour un pays tel que le nôtre qui, par la force des choses, est tourné vers le vaste monde.

Nous sommes un port, une place économique potentiellement forte. Nous sommes un trait d’union entre plusieurs mondes. Nous relions les deux rives de la Mer Rouge. Nous relions l’Afrique et l’Arabie. Nous relions les mondes anglophone et francophone. Nous sommes des musulmans tolérants, respectueux des autres croyants, comme nous l’enseigne notre religion. Nous sommes adossés à l’Ethiopie, à la Somalie et  à l’Erythrée. Nous sommes posés à quelques encablures du Yémen et de la région du Golfe, à quelques battements d’ailes des Grands Lacs d’Afrique. Nous nous trouvons sur le chemin de la prospère Europe mais aussi à l’entrée de l’Océan indien et du dynamisme asiatique. Les Amériques ne nous sont pas inaccessibles. C’est dire si nous appartenons à un environnement stimulant, au fort potentiel économique et intellectuel.

Nous avons hérité d’une portion de ce berceau de l’humanité qu’est l’Afrique de l’Est. Nous sommes un petit creuset humain et culturel, où les hommes ont appris à se mêler sans se nuire.

Ce sont autant d’atouts à penser et intégrer dans notre schéma de développement et d’édification nationale.

Ouverture, neutralité, sérieux et dynamisme, voilà qui nous semble devoir guider notre action extérieure.

Ouverture. Ouverts à tous ces mondes auxquels nous avons accès d’une manière ou d’une autre. Ouverture décomplexée et constructive. Ouverture sans reniement de soi mais sans préjugés ni scories. Ouverture fondée sur la conviction forte que, bien appréhendées, les différences enrichissent. Ouverture économique, intellectuelle, culturelle. Aller vers les autres pour apprendre d’eux, commercer avec eux, s’enrichir au contact de leurs cultures. Aller vers les autres pour nous faire mieux connaître d’eux, mieux faire apprécier nos opportunités, nouer ou renouer des rapports fructueux et durables.

Aujourd’hui, d’ouverture point vraiment. Le régime en parle mais ne le pratique pas. Il n’en a pas le temps, si occupé à se servir.

Neutralité. Soyons neutres dans les différends, conflits et autres problèmes pouvant affecter nos partenaires. Gardons-nous de nous immiscer dans leurs affaires intérieures, de céder à l’aventurisme facile. Attachons-nous à être positifs avec les uns comme avec les autres. C’est essentiel pour jouir de la confiance des uns et des autres. Essentiel pour prôner, le cas échéant, le langage de la raison, pour contribuer à dénouer les problèmes qui opposent. On ne peut aider si on prend parti. C’est une question de bon sens.

Par malheur, ce n’est pas une image de neutralité que le pouvoir en place donne de notre pays. Il apparaît plutôt comme un fauteur de troubles. De la tourmente somalienne au conflit éthio-éryhréen, en passant par les problèmes intérieurs d’Ethiopie ou certaines affaires yéménites, Ismaël Omar Guelleh est négativement actif. Il a les bras dangereusement baladeurs.

Sérieux. Il nous faut être sérieux. Dans le discours. Dans l’action. Il nous faut être cohérents et conséquents. Il nous faut tenir nos engagements, qu’ils soient régionaux ou internationaux. Signer des papiers ne suffit point, il faut en respecter le contenu. Ce dont le pouvoir en place est bien loin. S’il lui arrive de signer des accords, conventions et autres traités, il ne s’empresse point de les respecter. Il a plutôt tendance à les oublier, sauf s’ils servent ses petits intérêts du moment. La durée, l’intérêt national ne sont pas sa tasse de thé. Considérez ce qu’il fait de ses engagements internationaux, d’ordre social, démocratique ou autres. Songez au sort qu’il réserve aux accords passés avec des partenaires de la sous-région. Rappelez-vous sa manie des petits arrangements secrets à relent mafieux.

Ce n’est pas faire montre de sérieux que de faire de Djibouti une plaque tournante pour toutes sortes d’opérations troubles. Le blanchiment de l’argent sale, les trafics en tous genres, l’accueil des individus et officines peu recommandables et leurs lots d’éliminations physiques, ne nous servent point. Ils ne font pas notre promotion. Sans doute rapportent-ils à Ismaël Omar Guelleh et à ses quelques amis du moment. Ils nous nuisent profondément. Il est urgent que cela cesse.

Dynamisme. Notre politique extérieure se doit aussi d’être dynamique. Elle doit fonctionner, non à la cadence des voyages d’agrément des dignitaires, mais au rythme de notre politique générale. Elle doit être au diapason de notre effort de développement, de notre construction nationale. Elle doit accompagner nos chantiers de développement, contribuer à en amplifier les bénéfices.

Notre diplomatie doit fonctionner à la mesure de nos possibilités, tirer le meilleur profit de nos affinités nombreuses.

Vers la Corne et au-delà, vers les rives de la Mer Rouge et plus loin, vers l’Afrique et l’Arabie, l’Occident et l’Asie, vers les mers chaudes et froides, nos yeux doivent savoir regarder et agir. Il leur faut fureter, balayer le vaste monde. Il nous faut être dynamiques et intelligents.

 

C’est à ce prix qu’est la politique extérieure digne de l’Etat et de la société que nous souhaitons bâtir.