Parce qu’un pays ne peut vivre isolé du monde, parce qu’aucune Nation ne peut s’auto-suffire dans tous les domaines, il n’est pas d’État qui n’entretienne des relations extérieures. Celles-ci sont l’une des fonctions régaliennes de l’État, tout comme les affaires intérieures, la justice, ou encore la défense.
Cela explique pourquoi les relations extérieures constituent un département ministériel souvent dénommé Ministère des Affaires étrangères, qu’il s’agisse des relations bilatérales (relations entre deux États) ou multilatérales (relations entre plus de deux États).
Bien entendu, les relations extérieures d’un pays s’inscrivent dans la politique générale de l’État. Elles obéissent au programme politique suivi par les gouvernants et qui, en démocratie, a été approuvé en amont par le suffrage universel (vote) du peuple souverain.
A Djibouti, dès l’accession à l’Indépendance, la République s’est dotée d’un ministère des Affaires étrangères pour piloter sa politique extérieure.
Sous le défunt président Hassan Gouled Aptidon, qui a pris les rênes du pays dès 1977, dans un contexte de Guerre Froide, la politique étrangère de Djibouti était ancrée dans le camp occidental. Mais, quoique sans contrôle démocratique, cela ne s’est pas accompagné d’une fermeture au reste du monde puisque l’URSS et la Chine ont ouvert chacune une ambassade à Djibouti après l’Indépendance. Dans la région, les relations extérieures djiboutiennes étaient marquées par la neutralité à l’égard des tensions et autres conflits entre pays tiers. A sa manière, cette politique d’ancrage occidental, de neutralité dans la région et qui n’excluait pas l’ouverture au reste du monde, traduisait la fameuse formule de ‘’Djibouti, terre de rencontres et d’échanges.’’
Sous le successeur de Gouled, Ismaël Omar Guelleh, Djibouti est entrée dans une diplomatie du chèque et de l’incohérence. Au point qu’aujourd’hui, notre pays se retrouve au centre de rivalités géostratégiques et d’intérêts concurrents. Comme en témoignent les incidents entre bases militaires étrangères qui se surveillent mutuellement sur notre territoire national. Clairement, la vénalité du pouvoir en place a abouti à une cohabitation délétère sur notre sol entre puissances démocratiques et puissances non-démocratiques.
Alors quelle politique étrangère pour la République de Djibouti ? Rappelons-le, une politique étrangère n’est pas l’instrument d’intérêts particuliers, ni le reflet de l’humeur du prince. Elle est la traduction, au plan des relations avec le monde extérieur, d’une politique d’État au service de la Nation. Elle doit favoriser l’atteinte des objectifs de développement du pays ainsi que la contribution (si minime soit-elle) à la marche des affaires du Monde. En accord avec les valeurs de la Nation.
Dès lors, en République de Djibouti, pays modeste de taille mais privilégié par sa situation géographique et dont le peuple aspire ardemment à la démocratie, la politique extérieure doit notamment :
- Prendre la mesure des enjeux qui sont sa raison d’être ;
- Favoriser l’atteinte des objectifs de développement du pays : objectifs économiques (investissements, promotion du tourisme, contrats commerciaux, etc.), objectifs d’intégration régionale raisonnée, objectifs de rayonnement culturel, etc.
- Saisir les opportunités et possibilités liées à notre appartenance afro-arabe et à nos liens étroits avec des pays d’autres continents ;
- Contribuer, autant que faire se peut, à la bonne marche des affaires de la Corne de l’Afrique, du continent et du monde, en accord avec les valeurs de la Nation telles que l’amitié entre les peuples, le respect mutuel, la tolérance et la paix