MRD/Twitter

MRD/Facebook

En résumé programmatique

 

Il va sans dire que le projet politique du MRD procède d'une vision, celle qui a présidé à la création du parti et qui l'anime depuis lors. Cette vision s'articule autour de l'idée que le gâchis et les souffrances que nous, Djiboutiennes et Djiboutiens, connaissons depuis trop longtemps ne sont pas une fatalité et qu'il nous est possible de réagir et d'édifier un État national et une société fraternelle, démocratique, juste et prospère. Par État national, nous entendons un État au service du peuple et du pays, c'est-à-dire de nous tous, sans distinction d'origines, de région, de genre, de religion, d'âge ou autre. Par État national, nous entendons un État éducateur, responsabilisateur, protecteur, développeur, gestionnaire et soucieux de ses relations extérieures. Par État national, nous entendons un État de droit et de démocratie, qui raffermisse le sentiment national et cultive l'esprit citoyen, notamment par la concorde, l'égalité des chances, la récompense du mérite et la solidarité.

Traduit en programme, ce projet politique peut se résumer en cinq socles:

 

I- SOCLE SOCIAL I 

Culture

 

La culture d’un groupe humain est, au-delà de ses manifestations matérielles et immatérielles, sa manière de penser, de sentir, de croire et d’agir, bref sa manière d’être au monde. A Djibouti, notre pays, il nous faut notamment :

  •  Préserver le patrimoine culturel et la diversité des expressions culturelles, ce qui implique notamment la création de musées (à commencer par un musée national) et autres centres de conservation, en région comme dans la capitale;
  •  Mettre en place des lieux de formation aux métiers de la culture : métiers de comédien, de musicien, de peintre, de sculpteur, de danseur, de cinéaste, etc.
  •  Multiplier les lieux et occasions de création culturelle : créer en nombre suffisant des maisons de la culture dans les villes comme dans toutes les localités rurales, avec une vraie animation culturelle, afin de développer le goût du beau, du message et de leur création;
  •  Organiser, à intervalles réguliers, des festivals, expositions, concours de création culturelle, et créer des bourses de création culturelle mais aussi des formes de résidence culturelle;
  •  Revoir les droits d’auteurs pour les rendre attractifs et effectifs;
  •  Promouvoir un dialogue culturel fécond entre la ville et la campagne de manière à ce que les citadins découvrent ou redécouvrent les trésors ancestraux ainsi que leurs porteurs et s’en nourrissent positivement. Sans négliger l’apport positif des citadins aux ruraux afin que ces derniers s’approprient les aspects stimulants et enrichissants de la culture urbaine;
  •  Intégrer la culture dans les stratégies de développement nationales ;
  •  Mettre en place un cadre juridique et institutionnel favorable au développement du secteur de la culture ;
  •  Développer le mécénat culturel et de toutes autres formes de saine contribution de la société civile (à commencer par sa composante économique) à la politique nationale de redynamisation culturelle;
  •  Promouvoir une économie de la culture génératrice d'emplois et de revenus ;
  •  Enseigner et valoriser les arts et la culture dans le système éducatif djiboutien, notamment dans un esprit d’interconnaissance (l’enfant gagne à connaître les différentes cultures de son pays, langues comprises) et de reliance nationale. Il s’agit de permettre aux Djiboutiens de se vivre comme tels dès la petite enfance sans renoncer à leurs racines particulières. Cela implique notamment d’aménager des lieux de socialisation culturelle en quartier (jardins pour enfants, aires de jeux, etc.) et d’offrir des programmes de même nature sur les médias (radio, télévision, réseaux sociaux, etc.).
  •  Renforcer la coopération culturelle bilatérale et multilatérale, notamment pour soutenir la diffusion internationale des produits culturels djiboutiens, source de rayonnement pour le pays.

 

Éducation

 

L’éducation est une question à la fois de savoir, de valeurs et de culture. Elle est vitale pour la société. D’où, pour notre pays, la nécessité notamment de :

  •  Organiser un débat national pour repenser et unifier notre double éducation en une éducation réellement nationale;
  •  Prendre ainsi en compte, dans le système éducatif, notre éducation dite traditionnelle afin que nos enfants, à la ville comme à la campagne, s’approprient en classe, à côté du savoir global, le savoir local, nos valeurs et normes sociales, nos langues, nos arts (littérature, musique, danse, théâtre, etc.), notre histoire, notre géographie, toutes choses qui reflètent notre culture;
  •  Garantir la qualité des enseignements-apprentissages et l’accès de tous à l’éducation, notamment par la formation des enseignants et une stratégie pédagogique qui prenne en compte notre imaginaire éducatif pastoral;
  •  Accroître les ressources allouées au système éducatif dont il faut assurer la gestion efficace, efficiente et transparente à tous les niveaux ;
  •  Développer la recherche éducative : sur l’éducation dite traditionnelle, sur l’école, sur les articulations entre les deux formes éducatives ;
  •  Associer à la gestion du système éducatif toutes les parties prenantes : parents, élèves, enseignants, chercheurs, administrateurs de l’éducation, politiques, religieux et autres acteurs de la société;
  •  Exercer une veille éducative permanente, notamment par la mise en place d’un véritable observatoire de l’éducation nationale.  

Enseignement supérieur et recherche

 

Notre volonté politique en la matière est de donner à l’enseignement supérieur et à la recherche toute leur place. D’où l’urgence notamment de : 

  • Mettre en place un conseil national inclusif de l’enseignement supérieur et de la recherche : sa voix doit compter à tous les niveaux de la politique publique en la matière ;
  •  Développer l’offre d’enseignement supérieur en qualité comme en quantité ;
  •  Garantir l’accès à l’enseignement supérieur ;
  •  Développer la recherche à l’université, au CERD et ailleurs, notamment en la dotant de moyens suffisants;
  •  Faire de l’enseignement supérieur et de la recherche un pôle d’excellence, un levier majeur de développement et une source de rayonnement régional et international pour notre pays.

 

Santé

 

Nous voulons un système de santé digne de notre peuple, ce qui implique notamment de :

  • Rendre le système de santé accessible, prévisible, efficace, efficient et centré sur le patient et ses besoins ;
  • Garantir la couverture sanitaire universelle en assurant la disponibilité, la gratuité et la qualité des services de soins de santé primaires ;
  • Offrir des services de soins secondaires et tertiaires abordables et de qualité ;
  •  Garantir l’accès des démunis aux soins secondaires et tertiaires nécessaires ;
  •  Renforcer l’efficacité des services des urgences ;
  •  Mettre l’accent sur l’éducation préventive à la santé, ainsi que sur le dépistage et l’intervention précoce ;
  •  Encadrer et inscrire le secteur privé de santé dans la politique publique de santé.

 

Jeunesse

 

Le MRD propose notamment de :

 

Prioriser au plus haut point la lutte contre le chômage des jeunes, ce qui passe notamment par la mise en place d’un dispositif efficace d’accompagnement dont la formation à l’emploi et à l’entreprenariat : nous voulons faire de la jeunesse le fer de lance du développement ;

  •  Rendre les programmes de formation plus adéquats à la demande du marché du travail ;
  •  Prévenir et combattre la consommation des drogues et la délinquance, ce qui passe notamment par l’encouragement du goût du sport, de la bonne hygiène de vie et de la culture ; 
  •  Rendre accessibles les services de santé pour les jeunes ;
  •  Promouvoir la participation de la jeunesse à la vie démocratique et publique, notamment à l’échelon local ;
  •  Améliorer de manière responsable l'accès aux technologies de l’information et de la communication pour les jeunes ;
  •  Sensibiliser et éduquer les jeunes à la protection de l’environnement ;
  • Protéger et insérer dans la société les jeunes à besoins spécifiques dont les handicapés. Ils doivent trouver leur pleine place dans la vie éducative, formative, professionnelle, économique, sociale, sportive et culturelle du pays.

  

Femme

 

La femme djiboutienne représente au moins 50% de la population. Elle est le principal pilier de la famille et de la société. Elle doit être reconnue à sa grande valeur. Pour ce faire, il convient notamment de :

  • Garantir l’égalité des chances aux femmes, notamment en favorisant leur éducation ;
  • Promouvoir la formation professionnelle de la femme ;
  • Aider, par un dispositif adapté, les mères de famille démunies à jouir de tous leurs droits ;
  • Encourager l’accès des femmes aux postes de responsabilité dans l‘administration comme dans le secteur privé ;
  • Développer l’entrepreneuriat féminin ;
  • Promouvoir la participation féminine à la gestion des affaires publiques à tous les niveaux (local, régional et national).  

 

Personnes handicapées

 

 Il nous faut notamment :

 

  • Assurer une détection précoce et une intervention rapide auprès des bébés et jeunes enfants handicapés et leurs parents ;
  •  Intégrer les enfants handicapés dans le système éducatif et formatif ;
  •  Garantir un accès équitable au marché du travail pour les personnes handicapées ;
  •  Garantir la sécurité sociale des handicapés ;
  • Faciliter l’accès des personnes handicapées aux bâtiments, aux transports, à la technologie, etc.
  • Encourager les organisations de défense des intérêts des personnes handicapées.

 

Personnes âgées

 

Il nous faut notamment : 

  • Assurer une détection précoce et une intervention rapide auprès des bébés et jeunes enfants handicapés et leurs parents ;
  • Intégrer les enfants handicapés dans le système éducatif et formatif ;
  • Garantir un accès équitable au marché du travail pour les personnes handicapées ;
  • Garantir la sécurité sociale des handicapés ;
  • Faciliter l’accès des personnes handicapées aux bâtiments, aux transports, à la technologie, etc.
  • Encourager les organisations de défense des intérêts des personnes handicapées.

 

 II- SOCLE SOCIAL II

 

Lutte contre la vie chère

 

Ici, notre volonté politique se traduit notamment par les mesures qui suivent :

  •  Mettre en place, à des fins de régulation du marché et pour aussi longtemps que nécessaire, un dispositif public d’approvisionnement en denrées de première nécessité, avec possibilités de distribution dans des magasins populaires pour les plus démunis;
  •  Diminuer ou supprimer, selon le cas, les taxes sur les denrées de première nécessité et autres produits de grande consommation;
  •  Supprimer celles des taxes et surtaxes d’importation injustifiées frappant certains biens de grande consommation tels que les produits laitiers et les pâtes ;
  •  Développer l’offre de logements bon marché pour favoriser l’accession à la propriété du plus grand nombre ;
  • Lutter contre la spéculation foncière et immobilière et raisonner l’augmentation des loyers;
  • Baisser les tarifs d’internet et de téléphone ;
  • Diminuer les taxes sur les produits économes en énergie;
  • Baisser les factures d’eau et d’électricité ;
  • Mettre en place un Observatoire des prix : structuration des tarifs, homologation des prix des denrées de première nécessité, suivi hebdomadaire de la situation, etc.;
  •  Développer les transports non polluants et peu chers ;
  •  Garantir une concurrence saine entre offreurs de biens et services ;
  •  Veiller à l’adéquation salaires/coût de la vie.

  

Sécurité alimentaire

 

Il convient notamment de :

  • Accroître autant que faire se peut la production alimentaire djiboutienne, notamment par le développement des ressources humaines (producteurs et distributeurs), des techniques (de production-distribution) et de l’accès au financement ;
  • Favoriser les circuits courts de distribution pour réduire la chaîne des coûts et prévenir la cherté des produits ; 
  • Suivre une politique rationnelle d’approvisionnement auprès du marché alimentaire internationale pour garantir des importations présentant le meilleur rapport qualité-quantité-prix ;
  • Développer la recherche scientifique sur notre alimentation pour améliorer la qualité et la sécurité alimentaires ;
  • Aligner les règlementations nationales sur les meilleurs standards internationaux ;
  • Renforcer le système national de contrôle des aliments (organisation, formation du personnel, équipements techniques, procédures, fiabilité des résultats, etc.) ;
  • Promouvoir l'éducation des consommateurs et les initiatives de sensibilisation communautaire pour une alimentation équilibrée.

  

Protection sociale et solidarité nationale

 

Le bien-être de la population djiboutienne passe aussi par le renforcement de la protection sociale et de la solidarité nationale. Pour ce faire, et parallèlement à la garantie à toutes les couches de la population des services sociaux de proximité (éducation, santé, état-civil, police, etc.), il nous faut, entre autres mesures:  

  •  Réformer la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) pour la rendre plus inclusive, plus efficace, plus efficiente, etc.
  •  Protéger les droits des personnes vulnérables (personnes âgées sans pension, chômeurs, handicapés, etc.) et encourager leur autonomie : revenu minimal d’insertion, accès à la santé, à la formation (notamment pour les chômeurs et handicapés), etc.
  •  Garantir l’égalité des chances pour combattre les inégalités et favoriser l’autonomie;
  • Où il le faut et quand il le faut, ouvrir pour les personnes sans ressources des banques alimentaires reposant sur la solidarité nationale.

  

Logement

 

Le plan national du logement que nous proposons vise entre autres à :

  • Créer un ministère performant du logement pour conduire la politique du gouvernement en la matière ;
  • Placer sous ce ministère toutes les institutions publiques impliquées dans la politique du logement et les restructurer pour les rendre inclusives, efficaces, efficientes, réactives et mieux coordonnées ;
  • Garantir un dispositif de financement du logement accessible à tous ;
  • Intensifier la construction des logements sociaux pour les couches à bas revenu ;
  • Offrir à prix abordables des logements à location-vente pour les couches à revenu moyen ;
  • Promouvoir le recours aux matériaux locaux et aux règles bioclimatiques pour la construction des logements ;
  • Encourager la participation du secteur privé à l’offre de logements ;
  •  Améliorer sans relâche, par l’emploi et l’activité indépendante, la capacité économique de la population à posséder un logement, ou à en louer un si elle le désire.

  

Emploi et formation professionnelle

 

Il nous faut une stratégie écoresponsable de croissance inclusive et de formation professionnelle réhabilitée et efficace. Pour ce faire, nous voulons entre autres mesures :

  •  Développer, en lien avec la demande de l’emploi (actuel et à venir), la formation professionnelle (initiale et continue), notamment par l’alternance et l’apprentissage ; 
  •  Développer la formation des formateurs ; 
  •  Développer des politiques macroéconomiques cohérentes, coordonnées et soucieuses de la création d'emplois, particulièrement pour les jeunes ;
  • Garantir l'égalité d’accès à l’emploi ;
  •  Impliquer les acteurs socio-économiques dans la formation à l’emploi et prendre en compte l’environnement ; 
  •  Valider et certifier les acquis de l’expérience pour bâtir des passerelles entre les pratiques professionnelles et le système d’éducation et de formation ;
  •  Renforcer et rationaliser le financement de la formation professionnelle en prenant en compte les spécificités sectorielles.

 

Sport

 

Il nous faut développer le sport national comme il se doit, à tous points de vue, depuis le jeune âge, au niveau local, au niveau régional et au plan national. D’où nos propositions suivantes qui ne prétendent pas à l’exhaustivité:

  • Sensibiliser la population aux bienfaits du sport et encourager sa pratique dans les quartiers urbains et localités rurales (campements nomades ou semi-nomades compris). Sensibilisation soutenue, menée dans la durée et qui se traduise dans une pratique généralisée;
  • Développer l’éducation physique et sportive à l’école ;
  •  Garantir l’existence des installations et autres fournitures sportives pour répondre aux besoins en sport de la population, notamment chez les jeunes ;
  •  Promouvoir les rencontres et autres compétitions sportives entre localités de la région, entre villes de la région, entre pasteurs nomades de la région, entre citadins et ruraux;
  •  Promouvoir les compétitions sportives nationales de haut standard pour permettre à nos sportifs et à nos équipes de parvenir au plus haut niveau international;
  •  Développer le sport professionnel, notamment par la formation et l’offre d’opportunités de carrières sportives ;
  •  Renforcer les associations mais aussi les organismes publics chargés du sport, notamment par de meilleures pratiques de gestion, que ce soit au niveau de l’État ou ailleurs ;
  •  Viser l'excellence aux niveaux national et international dans le respect de l’esprit sportif (fair-play, dépassement de soi…).

 

 III- SOCLE ECONOMIQUE

 

Notre volonté politique est de rendre notre économie performante et inclusive en réalisant les conditions d’une telle transformation. Pour ce faire, nous proposons entre autres mesures :

 

 

Une politique économique générale porteuse

 

Un développement économique implique un environnement général favorable. Cet environnement passe par :

  • Une stabilité sociopolitique assise sur un État de droit et une démocratie inclusive;
  • Un cadre institutionnel aux règles claires et aux procédures administratives simplifiées;
  • Un système judiciaire indépendant, opérationnel et diligent ;
  • Une fiscalité attractive, laquelle passe notamment par des exonérations incitatives et des taux d’imposition compétitifs. Au niveau des recettes fiscales, ces mesures sont à compenser par la suppression des dépenses publiques injustifiées, un meilleur rendement fiscal et un élargissement de l’assiette fiscale où cela est possible;
  • Des infrastructures économiques opérationnelles et compétitives garantissant notamment les transports terrestres, maritimes, aériens, ou encore l’accès aux technologies de l’information et de la communication.
  •  Une offre compétitive en énergie et en eau;
  •  Un capital humain qualifié et dynamique;
  • Un système financier solide;  
  •  Un endettement public justifié et soutenable ;
  • Une inflation maîtrisée (inférieur à 3%);
  • Une gestion budgétaire publique rationnelle (mieux former et mieux payer les agents de l’État, éliminer les dépenses injustifiées…)
  • Une saine concurrence des opérateurs économiques sur le sol national ;
  • Un partenariat public-privé (PPP) raisonné pour alléger la pression sur le budget de l’État ;
  • Une capacité de réserves d’importations au moins égale à six mois.

 

Un entrepreneuriat digne de ce nom

 Dans ce secteur, nous voulons :

  • Développer une culture entrepreneuriale éco-socio-responsable, notamment à travers le système d’éducation et de formation;
  • Encourager l’entrepreneuriat chez les jeunes, les femmes mais aussi chez les personnes handicapées voire chez les personnes âgées intéressées;
  • Renforcer le guichet unique pour la création simplifiée et rapide d’entreprises ;
  •  Optimiser l’accès au financement ;
  •  Accompagner les jeunes entrepreneurs dès le projet de création d’entreprise à des fins de pérennisation de leurs activités;
  •  Réserver un quota des marchés publics directs aux jeunes entrepreneurs.

  

Développer un tissu de petites et moyennes entreprises (PME)

 

Le développement des petites et moyennes entreprises (PME) passe, compte tenu de leur vulnérabilité, par un appui multiforme. Il convient notamment de :

  • Favoriser la créativité et l’innovation au sein des PME, notamment par la formation ;
  • Promouvoir la compétitivité des PME pour favoriser leur croissance et leur intégration dans les marchés régional et international;
  • Garantir l’accès à un système financier durable et stimulant ;
  • Informer régulièrement les PME sur les différents secteurs de l’économie;
  • Faciliter la migration des petites entreprises vers les moyennes entreprises et l’évolution de ces dernières vers les grandes entreprises.

 

 

Rendre le pays attractif pour les investissements étrangers

 

Il nous faut attirer, dans un esprit de responsabilité environnementale et sociale, les investissements étrangers qui sont un levier de développement. Pour ce faire, nous voulons notamment :

  • Offrir un environnement général propice aux affaires (voir politique économique générale);
  • Mettre en avant nos atouts réels ou potentiels (hub logistique, vaste hinterland allant au-delà de l’Éthiopie, énergie à coût compétitif, potentiel humain qualifié, coût raisonnable de la vie, etc.);
  •  Revoir le code des investissements pour le rendre plus attractif dans sa conception comme dans son fonctionnement, y compris au plan des procédures administratives qu’il convient de simplifier à tous les niveaux pertinents pour la réussite des affaires ;
  •  Réduire les délais d’examen des dossiers d’admission au code des investissements;
  •  Garantir une sécurité juridique et judiciaire optimale aux affaires ;
  •  Adapter la formation professionnelle aux besoins des employeurs;
  •  Rendre la fiscalité des sociétés attractive.

 

 

Développer le commerce extérieur et le tourisme

 

L’importance du commerce extérieur et du tourisme va de soi pour l’économie d’un pays. Leur développement à Djibouti implique notamment de :

  • Insister sur notre potentiel touristique écoresponsable et sur la vocation de notre pays à commercer avec le reste du monde selon une stratégie claire, cohérente et transparente ;
  • Fournir et diffuser les informations sur les opportunités commerciales et touristiques ;
  • Doter notre diplomatie, à commencer par nos ambassades, des moyens nécessaires pour attirer acteurs commerciaux et autres touristes étrangers ;
  • Consolider nos relations commerciales et touristiques avec nos partenaires traditionnels, sans négliger les autres ;
  • Étendre le marché et le tourisme locaux à travers des accords avec les pays de la région ;
  • Développer la formation aux métiers du tourisme et du commerce extérieur ; 
  • Promouvoir l’artisanat national pour en faire un levier de commerce et de tourisme. 

 

IV- SOCLE INFRASTRUCTURES, ENERGIE ET EAU

 

 

Transports

 Il convient notamment de :

  • Mieux gérer tous nos ports et les placer résolument au service du développement du pays ;
  • Mieux gérer les zones franches et autres zones logistiques existantes afin de renforcer la position de Djibouti comme hub logistique régional ;
  • Créer dans le secteur de Nagad et de Daasbio une plate-forme multimodale permettant de faire l’interconnexion des ports avec le nouveau chemin de fer et l’aéroport international d’Ambouli;
  • Construire une route Nagad/Holl-Holl/Daasbio/Ali-Sabieh/Galileh pour faciliter le transbordement des marchandises entre Djibouti et l’Éthiopie et désengorger l’axe routier Djibouti-Dikhil-Galafi ;
  • Renforcer l’axe routier reliant Tadjourah à l’Éthiopie pour y encourager le trafic régional;
  • Créer un dry port à Galafi (Dikhil) et un autre à Balho (Tadjourah) pour accroître les opportunités d’emploi au Sud-ouest et au Nord ;
  • Développer le réseau routier djiboutien dont la longueur actuelle ne dépasse guère les 3000 kilomètres, bitumés à 17% seulement;
  • Développer les transports maritimes entre le Sud et le Nord du pays en privilégiant les navires émergents à énergie propre ;
  • Renforcer la qualité et la gestion du chemin de fer;
  • Développer les transports urbains reposant sur les énergies propres (solaire, géothermique, éolienne) : vélo, bus, trams, etc.
  • Paver le réseau piéton dans les villes;
  • Relever judicieusement le niveau de l’aéroport international d’Ambouli et étudier les voies et moyens écoresponsables de viabiliser les deux aéroports internationaux annoncés;  
  • Réhabiliter de manière raisonnée la compagnie nationale aérienne Air Djibouti.

Il va sans dire que toute cette politique des transports doit se mener en cohérence avec la politique générale de développement économique et social que nous voulons inclusive, performante et respectueuse de l’environnement.

 

Technologies de l’information et de la communication ou l’ère digitale

 

L’état actuel de notre secteur des technologies de l’information et de la communication n’est pas une fatalité. Notre volonté politique est de le démontrer par les actes, particulièrement en négociant le tournant digital. Pour ce faire, nous voulons, entre autres mesures :

  • Comprendre et s’approprier les tenants et aboutissements de cette nouvelle ère ;
  • Considérer le digital comme l’une des réponses aux défis socio-économiques de notre pays ;
  • Garantir un accès plein et libre à Internet, notamment en ouvrant le secteur des télécommunications et en déployant les réseaux Internet à haut débit sur tout le territoire national ;
  • Transformer l’opérateur Djibouti Télécoms en un moteur de l’économie digitale ;
  • Réduire drastiquement le coût de l’accès à l’Internet haut débit ;
  • Assurer pour tous la formation aux outils et à l’intelligence numériques ;  
  • Mettre en place un cadre juridique et institutionnel adapté au numérique pour favoriser son essor et protéger nos données, notre vie privée et notre vie citoyenne de la cybercriminalité ;
  • Valoriser et miser sur le capital humain ;

 

De la sorte, le numérique peut être mis au service de :

  • L’éducation pour tous : le numérique permet notamment l’exploitation des données (le nerf de l’information et de la nouvelle économie) et de l’intelligence artificielle ; 
  • La santé pour tous : le digital favorise la prévention, le parcours des patients, l’accès aux soins pour toutes les couches et régions du pays, sans compter que la télémédecine et l’intelligence artificielle peuvent être mobilisées au service d’une médecine inclusive ;
  • Une économie partagée : le commerce électronique est le futur et le secteur privé doit être encouragé à l’embrasser, sachant que, grâce au digital, l’accès à la finance et à la bancarisation est possible pour le plus grand nombre de nos citoyens ;
  • Une agriculture intégrée :  l’adoption du digital par les agriculteurs permet d’améliorer les pratiques et l’exploitation de nos terres ;
  • Une culture plurielle et accessible :  avec le digital la culture devient plus accessible, permettant de mieux nous ressourcer dans nos cultures nationales tout en nous ouvrant au monde ;
  • Une énergie propre et moins chère : produire une énergie renouvelable et propre mais surtout répondant à nos usages ;
  • Une administration moderne et accessible : l’e-gouvernement ;
  •  La ville de demain : la ville intelligente de demain n’est possible que grâce au digital. 

  

Énergie

 

 Il nous faut notamment :

  • Traduire dans les faits la promesse de baisser les factures d’électricité de 2011 ;
  • Développer de manière écoresponsable nos énergies nouvelles et renouvelables : géothermie, énergie solaire, énergie éolienne et énergie marémotrice ;
  •  S’appuyer, lorsque cela est pertinent, sur le secteur privé pour développer l’offre énergétique ;
  •  Revoir à tous les niveaux la gouvernance énergétique qui est connue pour sa faible efficacité et sa corruption ;
  •  Recourir, si la situation l’exige, aux possibilités pérennes de la coopération régionale.

 

 

Eau

 Il nous faut notamment :

  • Respecter les écosystèmes aquatiques et les préserver pour les générations futures ;
  • Compléter les études des réservoirs souterrains et mieux évaluer la quantité et la qualité des eaux souterraines sur l’ensemble du territoire;
  •  Améliorer la captation des eaux pluviales à la fois pour la consommation directe (en milieu pastoral) et pour aider à la recharge des nappes phréatiques;
  •  Mieux gérer les eaux usées et gagner ainsi des ressources en eau pour des besoins spécifiques mais aussi améliorer la santé des populations exposées aux eaux non-assainies;
  •  Accélérer et compléter la rénovation des réseaux vieillissants qui sont sources de fuites importantes d’eau et d’autant de pertes;
  •  Mettre en place une tarification équitable, en instaurant notamment un tarif réellement social;
  •  Sensibiliser les usagers à la nécessité d’une consommation responsable des ressources en eau;
  •  Renforcer la gestion de l’ONEAD à tous les niveaux (humain, managérial, technique, etc.);
  •  Mobiliser, où les besoins l’exigent, la coopération régionale pour accéder aux ressources en eau des pays limitrophes, au plus près de nos frontières terrestres.

 

 V- SOCLE ENVIRONEMENT ET DEVELOPPEMENT RURAL

 

 

Environnement

 

Notre volonté politique est de protéger notre environnement pour nous protéger, nous et les générations futures. Pour ce faire, nous voulons notamment :

  • Lutter contre la dégradation des terres, de l'eau, de la végétation et de l'air qui constituent nos systèmes de survie ;
  • Assurer une gestion durable des ressources naturelles du pays et encourager, autant que possible, l'autosuffisance en nourriture et en énergie ;
  • Promouvoir l’adoption par la population des modes de vie, de consommation et de production durables.
  •  Préserver la diversité du patrimoine naturel et culturel, avec la participation effective de tous les secteurs de la société ;
  •  Sensibiliser le public aux liens essentiels entre l’environnement et le développement de manière à promouvoir la participation individuelle et collective à la protection environnementale.

 

L’environnement passe aussi par la gestion des risques et catastrophes

 

L’environnement c’est aussi la gestion des risques et catastrophes. D’où l’urgence, entre autres mesures, de :

  •  Renforcer l’efficacité des mécanismes institutionnels et assurer la coordination des activités de tous les acteurs intervenant dans la réduction et la gestion des risques et catastrophes ;
  •  Assurer l'identification, l'évaluation et le suivi des risques et catastrophes ;
  •  Développer la prévision et l'alerte précoce, notamment par une communication réactive et sécurisée ;
  •  Assurer une réponse et un secours efficaces par une approche bienveillante des besoins des couches vulnérables de la société ;
  •  Conduire, pour une vie plus sûre, la reconstruction comme une opportunité de rendre ce qui a été détruit plus résilient aux risques et catastrophes ;
  •  Promouvoir dans le pays une culture de prévention, de préparation et de résilience grâce aux connaissances modernes, à l'innovation et à l'éducation ;
  •  Renforcer les règles et le régime de conformité pour créer un environnement favorable ;
  •  Promouvoir la coordination régionale et internationale de la gestion des risques et catastrophes, en particulier pour ceux traversant les frontières telles que la Covid-19.

 

 

Développement rural

 

Le développement d’un pays n’est pas qu’urbain, il ne s’adresse pas qu’aux villes. Il concerne aussi la campagne qu’il doit tirer vers le haut. D’où nos mesures qui suivent :

  • Sensibiliser les pasteurs nomades et semi-nomades aux bienfaits de la vie sédentaire (accès aux services de base tels que l’éducation, la santé, l’accès aux infrastructures, etc.) ;
  • Promouvoir l’agriculture dans une optique d’appropriation écoresponsable, de sécurité alimentaire et de génération de revenus ;
  • Développer la pêche de manière écoresponsable ;
  • Promouvoir un élevage capable de concilier héritage ancestral et adaptation à la vie sédentaire ;
  • Soutenir l’artisanat rural dans une optique à la fois culturelle et économique ; 
  • Encourager la mobilité professionnelle des ruraux pour une meilleure distribution des activités économiques dans le paysage rural ;
  • Développer la recherche sur le développement rural, notamment pour innover de manière endogène.
  • Mobiliser la coopération internationale pour tirer profit des expériences pertinentes et transférables dans le contexte djiboutien. 

 

VI- SOCLE INSTITUTIONNEL

 

 

État de droit, démocratie et droits de l’Homme

 

Pour redresser la situation au plan de l’État de droit, de la démocratie des droits humains, nous voulons, entres autres mesures :

  • Faire en sorte, notamment dans la pratique du pouvoir, que l’État de droit, la démocratie et le respect des droits de l'Homme soient effectifs ;
  • Détribaliser la vie politique et l’administration ;
  • Instituer le Sénat que prévoit la Constitution djiboutienne;
  • Mettre fin à l’impunité ;
  • Mettre en place un mécanisme national Vérité et Concorde ;
  • Dédommager les victimes de la dictature ;
  • Réformer telle ou telle institution lorsque cela est nécessaire, pour empêcher la reproduction des injustices passées ;
  • Développer, dans le domaine de l’éducation et dans d’autres, une culture de Mémoire qui s’incarne dans des pratiques et des lieux de mémoire;
  • Rétablir et renforcer la crédibilité du système judiciaire et du pouvoir législatif;
  • Renforcer l’indépendance du Conseil constitutionnel.

 

Décentralisation

 

Nous entendons renforcer la décentralisation dans une optique d’enracinement démocratique et de développement local. Pour ce faire :

  • Rendre les entités décentralisées encore plus proches de la population en revoyant les niveaux de décentralisation; 
  • Encourager la démocratie participative et l’engagement populaire dans la vie publique décentralisée, notamment chez les jeunes et les femmes; 
  • Former les ressources humaines aux outils et aux bonnes pratiques de la gestion publique décentralisée;
  • Sensibiliser aux liens bénéfiques entre décentralisation et développement local;
  • Promouvoir le développement local par les locaux;
  • Accroître les compétences et les ressources des entités décentralisées.

 

Élections, Partis politiques, Opposition 

 

Ici, il s’agit, entre autres, de :

 Mettre en place une commission électorale nationale indépendante (CENI) paritaire et permanente, chargée des élections depuis la confection des listes jusqu’à la publication des résultats;

  •  Restaurer la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux;
  • Renforcer la dose de proportionnelle dans le mode de scrutin;
  • Mettre fin aux entraves à la déclaration et au fonctionnement des partis politiques;
  •  Instaurer un code de conduite des partis politiques ;
  •  Doter l’opposition d’un statut valorisant.

 

Communication

 

Il nous faut notamment :

  • Garantir la liberté d’expression et de la presse;
  • Assouplir les règles de création des titres de presse et des médias audiovisuels;
  • Soutenir les titres de presse indépendants, notamment par un appui matériel (imprimerie, papier de tirage, etc.);
  • Soutenir les médias audiovisuels indépendants, notamment par une répartition équitable des publicités;
  • Encourager les radios associatives comme moyen de liaison, notamment en milieu rural.

 

 

Diaspora

 

Prendre, entre autres meures, ce qui suit :

  • Créer un ministère de la diaspora pour mieux insérer celle-ci dans la vie collective nationale et dans l’effort de développement ;
  • Autoriser la double nationalité dans un esprit constructif ;
  • Garantir les droits politiques aux Djiboutiens détenteurs d’une autre nationalité, notamment le droit d’élire et celui d’être élu ;
  • Inciter la diaspora à investir dans le pays ;
  • Offrir à la diaspora, autant que possible, des prestations transférables, notamment en matière de pension. 

 

 

Lutte contre la corruption

 

Il s’agit notamment de :

  •  Renforcer l'intégrité politique et l’imputabilité (responsabilité de ses actes) ;
  • Développer une culture d’intégrité, notamment par la promotion en famille comme à l’école des valeurs d’honnêteté et d’intégrité ;
  • Combattre l’impunité des actes de corruption (active comme passive) ;
  • Veiller à l’adéquation salaires/coût de la vie;
  • Améliorer l'efficacité des services publics et renforcer la qualité de leurs prestations ;
  • Garantir l'équité et la transparence dans la passation des marchés publics ;
  • Faire évoluer et cesser, par la sensibilisation et l’éducation, les habitudes qui incitent à la corruption.

 

 VII- SOCLE DEFENSE ET SECURITE

 

Pour redresser la situation de nos forces de défense et de sécurité, il faut notamment :

  • Rétablir la crédibilité républicaine desdites forces de défense et de sécurité;
  • Restaurer l’obligation de réserve et la neutralité politique des forces de défense et de sécurité;
  • Repenser le service national actuel, dénommé Service national adapté, pour le rendre capable, entre autres, d’associer la population en âge et en état de le faire à la défense du pays;
  •  Faire en sorte que les forces de défense et de sécurité contribuent à l’effort de développement national. Ce, dans des domaines aussi divers que l’éducation, la formation, la santé, ou encore l’aménagement du territoire, particulièrement dans les régions de l’intérieur.

 

 

 

VIII- SOCLE RELATIONS EXTERIEURES

 

En République de Djibouti, pays modeste de taille mais privilégié par sa situation géographique et dont le peuple aspire ardemment à la démocratie, la politique extérieure doit notamment :

  •  Prendre la mesure des enjeux qui sont sa raison d’être ;
  •  Favoriser l’atteinte des objectifs de développement du pays : objectifs économiques (investissements, promotion du tourisme, contrats commerciaux, etc.), objectifs d’intégration régionale raisonnée, objectifs de rayonnement culturel, etc.
  • Saisir les opportunités et possibilités liées à notre appartenance afro-arabe et à nos liens étroits avec des pays d’autres continents ; 
  •  Contribuer, autant que faire se peut, à la bonne marche des affaires de la Corne de l’Afrique, du continent et du monde, en accord avec les valeurs de la Nation telles que l’amitié entre les peuples, le respect mutuel, la tolérance et la paix.

La politique n’est ni mensonge, ni mauvaise volonté. Elle n’est ni trahison, ni trucage. La politique ne doit ni se couvrir de ridicule, ni céder au cynisme. Elle n’est pas à manger. La politique est noble. C’est l’art de gérer la cité, de servir ses semblables. La politique, voyons-nous, est affaire d’idées, d’action, de résultats.

S’engager en politique c’est, dès lors, mettre en avant des idées, les confronter à d’autres vues, en accepter la critique. C’est se soumettre à la sanction populaire. Laquelle intervenant généralement par voie électorale.

Le politique propose, le peuple dispose. Politique ne rime-t-elle pas alors avec liberté et démocratie ?

Proposer, le PRD, devenu MRD, l’a toujours fait. Il le refait aujourd’hui. A vous d’en juger.

              En ce début du troisième millénaire, trente ans après l’Indépendance dont nous avons, par un 27 juin 1977, accueilli l’avènement dans l’allégresse générale, notre pays se débat dans des difficultés d’un autre âge.

 La liberté retrouvée a tôt été confisquée par une minorité de prédateurs sans culture publique ni bon sens bâtisseur, qui ont dévoyé le nouvel État. Le pouvoir est devenu personnel et patrimonial, sa transmission dynastique. Il s’en est suivi, pour le peuple, misère matérielle et détresse morale. Sur fond de répression aveugle et incessante. Où que l’on tourne son regard, la République de Djibouti offre l’insoutenable spectacle de la dégradation, du non-droit et de l’angoisse devant l’avenir.

C’est dire si notre pays présente, du fait de l’irresponsabilité de gouvernants à nous imposés par les aléas de l’histoire, tous les signes d’un grand rendez-vous manqué. Celui de l’édification.

Il s’ensuit que nous nous trouvons aujourd’hui confrontés à un défi vital : être ou ne pas être. Etre un Etat moderne digne de ce nom, un Etat de droit et de démocratie. Etre une société juste, libre et fraternelle. Etre un pays en paix, assis dans ses valeurs fondamentales et ouvert au monde.

La situation est, on ne le répétera jamais assez, fort grave. Elle nous interpelle toutes et tous, car nous sommes toutes et tous concernés. Elle interpelle tous les Djiboutiennes et Djiboutiens, toutes les consciences du pays, en particulier les acteurs politiques dont la raison même d’être est de faire en sorte que marche correctement la collectivité.

Le Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (MRD), ancien Parti du Renouveau Démocratique (PRD), grande formation légalisée de l’opposition, ne s’est jamais dérobé devant ses responsabilités. Il a toujours eu à cœur de les assumer de son mieux. Pour nous, la politique n’est pas une affaire de ridicule permanent, ni de mauvaise foi et de cynisme. Le pouvoir n’est pas un vulgaire moyen d’enrichissement illicite, ni un instrument de répression arbitraire. La politique est trop noble pour se rabaisser à de telles vilenies. Elle est engagement, service de l’intérêt général. Elle est dévouement, abnégation. Elle est liberté, réflexion. Elle est action et résultats. La politique est bonne gouvernance, responsabilité (accountability en anglais).

Nous mesurons la gravité du défi devant nous, la profondeur des problèmes, l’importance des enjeux.

Chers compatriotes, il nous faut réfléchir et agir à un double niveau. Car il nous faut d’abord parer au plus pressé, puis agir en profondeur.

Il nous faut d’abord arrêter l’hémorragie actuelle et remettre sur pied le pays.

Nous pensons que cela passe par une action concertée associant toutes les forces vives de la nation.

Sans attendre, il nous faut restaurer l’Etat dans sa crédibilité et son équité. Le restaurer dans son rôle de protecteur de la liberté et de la démocratie, des biens et des personnes. Il faut en faire un Etat qui redonne confiance et aide ce peuple en détresse à sortir de la terrible ornière où l’a plongé le règne de la confiscation et de la spoliation. Il nous faut une administration (au sens large, qui inclut le système national de sécurité) respectueuse de la Loi, intègre et transparente, accessible et efficace, où l’homme qu’il faut soit à la place qu’il faut. Une administration où l’égalité des chances et la récompense du mérite ne soient pas des mots vides, où l’agent public puisse vivre de son salaire. Une administration qui sache rester politiquement neutre pour être au service de tous.

Pour reprendre économiquement vie, il nous faut instaurer un climat général (politique, social, institutionnel, juridique, etc.) propice au retour de la confiance, encourager fortement les investissements générateurs d’emplois et de revenus, ne pas hésiter à engager l’Etat où il faut pour le temps qu’il faut. Il faut prendre à bras-le-corps les dossiers de l’énergie, de l’eau et des infrastructures, le problème de la formation professionnelle, notamment des jeunes. Il faut nous atteler avec conviction à la question de notre positionnement économique comme place commerciale et financière forte.

L’urgence sociale nous commande, pour sa part, de nous attaquer à la misère et à la pauvreté. Il faut engager une politique volontariste de travail, et pas seulement salarié. Une politique qui ne néglige aucune couche sociale, aucun genre, qui accorde leur place aux femmes comme aux hommes, aux jeunes comme aux moins jeunes. Il faut intégrer tous les talents, toutes les aptitudes. Il nous faut combattre le coût scandaleusement élevé de la vie. S’impose, à cet égard, une véritable politique d’approvisionnement, une régulation du marché des produits de base et des denrées de première nécessité, un contrôle sérieux des prix homologués. Réhabiliter le système éducatif, la santé et la culture, voilà une autre priorité urgente qui commande d’agir. Il faut aussi une gestion de l’espace national où urbanisme, environnement et habitat fassent bon ménage. Urbanisme ne rime point avec anarchie et ghettos, environnement avec dégradation, habitat avec pénurie, ruralité avec exode. Il est possible de gérer harmonieusement la ville, de trouver un meilleur équilibre entre milieux rural et urbain, de protéger l’environnement et d’en vivre à la fois.

En parant au plus pressé, nous devons faire preuve de détermination, de tact, d’imagination, d’ouverture d’esprit. Nous devons mettre en commun nos intelligences, nos expériences, nos forces. Regarder autour de nous, vers le reste du monde et nous en inspirer lorsque cela est possible. Savoir que plus nous serons déterminés à nous aider, plus attentifs seront nos amis.

Parer au plus pressé sans jamais perdre le souci du dialogue et de l’adhésion. Politiques, syndicalistes, opérateurs économiques, femmes, jeunes, associatifs, artistes et écrivains, intellectuels, religieux, professions libérales ou non, autres membres de la société civile, citoyens ordinaires, civils et corps en uniforme, etc. la participation de toutes et de tous est nécessaire à ce sursaut national.

 Cependant, l’urgence ne suffit point. Il faut aussi de la profondeur. Il importe d’engager une réflexion d’ensemble, analyser les causes de notre peu enviable sort et dégager des pistes de transformation. En d’autres mots, il nous faut formuler le projet politique alternatif que la situation appelle. C’est ce que nous tentons dans les lignes qui suivent.

C’est en un mot à un Etat crédible que nous invitons les Djiboutiennes et les Djiboutiens.

 Un Etat éducateur parce que conscient de l’importance vitale du capital humain, de l’état des mentalités et de la nécessité d’intégrer les données de la modernité. Un Etat qui se soucie d’instruire et de former un citoyen éveillé et humaniste, démocrate et dynamique, fier à la fois de son identité djiboutienne et de son ouverture au monde. Un tel citoyen contribue à l’avènement d’une société résolument démocratique, juste et fraternelle, attachée au développement harmonieux, respectueuse d’elle-même et d’autrui.

Un Etat protecteur de l’individu comme de la collectivité, des personnes comme des biens, de l’ordre public comme de l’intégrité territoriale, de la femme comme de la jeunesse et des personnes âgées, des minorités comme de la majorité, de l’identité nationale dans la diversité culturelle. Un Etat qui protège les droits de l’Homme et les libertés, protège travailleurs et employeurs, rassure investisseurs et demandeurs d‘emplois. Un Etat qui garantisse la cohésion sociale et la solidarité nationale.

Un Etat responsabilisateur parce que responsable et démocrate, participationniste et intégrateur. Un Etat qui sache décentraliser, déconcentrer, déléguer. Un Etat qui tourne le dos au pouvoir personnel et aide ses citoyens à se réapproprier la vie publique.

Un Etat développeur parce que conscient de nos potentialités et des enjeux du progrès, convaincu de l’impérieuse nécessité de tirer les choses et les êtres vers le haut, d’avancer et de faire avancer. Un Etat confiant en lui-même et en son peuple, dynamique et vigilant, clairvoyant et prévoyant.

 Un Etat gestionnaire parce que rationnel sans être désincarné, intègre et performant. Un Etat capable de mettre la femme ou l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, d’employer les finances qu’il faut où il faut, d’affecter les moyens matériels qu’il faut où il faut. Un Etat qui avance à la lumière du passé mais aussi à la lueur du présent et du futur.

 Un Etat conscient de sa place dans la région et dans le monde, fier de sa quadruple appartenance africaine, arabo-musulmane, francophone et mondiale. Un Etat soucieux d’ouverture dynamique au reste du monde, de la qualité de ses relations extérieures, le tout dans le respect mutuel et la non-immixtion dans les affaires intérieures des autres pays.

Un tel Etat est tout simplement un Etat crédible. C’est un Etat digne de confiance et d’abnégation. C’est un Etat digne de nous, un Etat à visage humain.

C’est un Etat repensé pour une société en paix avec elle-même comme avec les autres, capable de concilier les valeurs qui la fondent avec les impératifs de la vie collective moderne, progressiste et prospère.

Chers compatriotes, ainsi que notre pays l’apprend à ses dépens, l’exercice du pouvoir d’Etat, la gestion des affaires publiques, ne sont pas une affaire de prédation alimentariste, ni de sectarisme communautaire ou religieux. Ce ne sont pas une administration au jour le jour, ni une question de manœuvres à courte vue.

Prétendre à gouverner un pays exige des qualités et des compétences particulières ainsi qu’une vision politique claire et crédible. Il faut être capable de développer une réflexion responsable d’ensemble pour appréhender au mieux le destin commun et essayer de l’amener, par une volonté consciente et conséquente, à s’accomplir de manière heureuse.

En clair, il faut être porteur d’un projet politique, d’un choix de société, d’une alternative crédible, à même d’emporter l’adhésion collective. Aucun leader politique digne de ce nom ni aucun parti politique sérieux, ne peuvent en faire l’économie.

 De même, l’on ne peut faire l’économie d’un débat national autour de tous les sujets d’intérêt général. C’est une question de bon sens et d’exigence démocratique.

Au MRD, nous avons toujours été et restons ouverts au débat. Nous demeurons réceptifs à toutes critiques et suggestions constructives.

Idées + action = Progrès, telle est l’équation de la réussite.


PLATEFORME DE L’OPPOSITION SUR LES REFORMES DEMOCRATIQUES

Les vues de l’opposition djiboutienne, en particulier des partis légalisés, convergent en ce qui concerne les réformes démocratiques à mettre en œuvre en République de Djibouti. Ces réformes font d’ailleurs partie de l’accord de paix et de concorde civile signé entre le Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD) du regretté Ahmed Dini Ahmed et le gouvernement du président Ismaël Omar Guelleh le 12 mai 2001. Accord salué par le reste de l’opposition et le peuple djiboutiens et dans le cadre duquel la faction signataire du FRUD s’est transformée en parti légalisé d’opposition sous l’appellation d’Alliance républicaine pour le développement (ARD). Ces réformes démocratiques promises par le régime mais non tenues sont :

1 - L'entrée en vigueur du multipartisme intégral (c'est la seule réforme appliquée mais non sans entraves politico-administratives) ;

2 - La décentralisation des régions autres que Djibouti-ville, la capitale : la question de la  décentralisation hors capitale fait l'objet d'une loi organique jointe à l'accord qui jaunit dans les tiroirs du pouvoir ;

3 – L’élaboration conjointe (Opposition/Gouvernement) du statut décentralisé de la capitale, qui abrite près de 80% de la population djiboutienne ;

4 - Le réexamen du Conseil constitutionnel dans son statut comme dans sa composition : il est, comme le reste de l'appareil d'Etat, totalement inféodé au régime qui en nomme les six membres ;

5 - La mise en place d'une Commission électorale nationale indépendante en charge de l'ensemble du processus électoral depuis la confection des listes jusqu'à la proclamation des résultats et composée à parité de représentants de l'opposition et du régime sous la présidence d'une personnalité indépendante acceptée par les deux parties (c'est la condition sine qua non de la transparence électorale) ainsi que l’introduction d’une dose de proportionnelle au mode de scrutin ;

6- Une justice indépendante et la réactivation du Tribunal du contentieux administratif mis en sommeil depuis 1996 ;

7 - Le respect des libertés fondamentales (syndicale, d'expression, de presse, etc.) et des Droits de l'Homme ;

 

8 - L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics (radio, télévision, journaux, etc.). 

Et puisqu’il s’agit d’abord de réhabiliter la vie en ensemble national et le phénomène étatique moderne dans les cœurs et les esprits, il appartient à l’Etat un rôle éducatif déterminant pour restructurer sur le terrain la mentalité collective dans le sens d’une bonne perception des problématiques en question.

 

 

Eduquer par l’école

 

Eduquer d’abord à l’école, lieu de formation privilégié de l’enfant (et de l’adulte quand il le faut), où il doit recevoir le savoir moderne mais aussi la nécessaire formation morale. Si, en effet, l’école est le lieu des connaissances, qu’elles soient générales ou spécialisées, si c’est là qu’il apprend les mathématiques et autres sciences, les arts et la littérature, les langues étrangères, l’histoire et la géographie, si c’est là qu’il acquiert tel ou tel métier, il doit aussi y recevoir une bonne formation morale. Les bancs scolaires doivent beaucoup contribuer à former le sens social, à promouvoir l’identité culturelle et l’esprit citoyen, à stimuler le sens du progrès et de l’épanouissement. Ils doivent favoriser l’éveil de l’enfant à son environnement social, culturel et citoyen. Sans se départir du souci d’ouverture au monde. Ils doivent l’aider à s’orienter, à exprimer ses talents et à s’épanouir. Toutes choses peu ou prou prises en compte dans le système actuel.

La transmission du savoir universel, commun aux hommes, doit être optimale. Elle doit constamment se soucier de sa qualité. Imaginative, attractive, elle ne doit rien négliger pour susciter et tenir l’intérêt de l’enfant. Aucun effort ne doit être ménagé pour que le savoir se transmette dans les meilleures conditions possibles. Le cadre de travail, la dimension matérielle et salariale, la qualité des enseignants et des méthodes didactiques, les contenus…tout doit contribuer à une bonne transmission à l’enfant. Il faut en finir avec l’école lugubre, surchargée et misérable, où les enseignants sont démotivés et les enfants peu enthousiastes. Il faut tourner la page de l’école sinistrée. Cela suppose, bien entendu, une volonté politique partagée. Un environnement propice et des moyens.

A côté des sciences et arts, de ces outils mis à l’épreuve de la fiabilité, à côté de ce savoir standardisé, qui accepte de se remettre en cause et de s’enrichir au fil des progrès, de ce savoir que le regard épistémologique éclaire sous un jour plus humain, l’enfant doit apprendre à se découvrir. Se découvrir d’abord du point de vue humain et social. Il doit prendre conscience qu’il est un être précieux, une personne humaine, avec ce que cela signifie de dignité et de sacré. Prendre conscience qu’il est titulaire de droits et tenu à des devoirs. Il lui faut se découvrir comme un être social, membre d’une collectivité, citoyen d’un pays. Il lui faut apprendre les valeurs fondamentales de sa société, sa culture. Apprendre à bien se conduire, à se respecter et à respecter. Apprendre à respecter son environnement, les êtres (qu’ils soient humains ou non) comme les choses qui le constituent. Apprendre à aller vers son concitoyen, à l’apprécier, à s’enrichir à son contact. L’école doit être le lieu de découverte de son pays dans toutes ses dimensions, humaine, culturelle, géographique, historique. Le lieu où se cultive ce qui nous unit, où l’on combat les préjugés. D’où l’enseignement des langues nationales qui doit trouver un mode pratique d’immersion multi-linguistique, de manière à aider l’enfant, dès le jeune âge, à voyager à travers nos langues et nos cultures comme le font nos concitoyens de Dikhil-ville ou de Quartier 4 de Djibouti-ville.

Se découvrir soi-même, et, avec une claire idée de soi, s’ouvrir au monde, tel nous semble le choix à faire pour nos jeunes apprenants. Car il est vital que, au même titre que les autres petits du monde, l’enfant djiboutien soit réellement détenteur de son patrimoine identitaire national afin de s’épanouir et de représenter une richesse pour le monde plus vaste où il vit. En d’autres termes, il nous faut lui donner les moyens d’avoir conscience que, s’il reçoit en apprenant le français, l’arabe littéraire ou l’anglais, langues par lesquelles il acquiert le savoir commun et s’ouvre à l’Autre, il peut tout aussi bien donner de par le patrimoine national qu’il porte. Un patrimoine riche, nous le savons, de sa belle diversité.

Se découvrir soi-même, disons-nous. Eh bien, cela commande aussi de se familiariser avec le concept d’Etat et sa problématique. L’enfant doit prendre conscience que la vie en collectivité moderne, qui est désormais la sienne, nécessite une organisation, des règles, des institutions, bref un Etat. Il doit avoir une idée suffisante de cet Etat, de ses origines, de ses objectifs et de sa finalité. Il doit savoir quelles fonctions il remplit, comment il s’articule et qui doit le faire fonctionner.

Il s’agit pour lui de savoir que, chaque société évoluant, les valeurs de notre démocratie pastorale s’enrichissent de l’apport de la démocratie républicaine, dans le cadre de l’Etat moderne. Savoir que, s’il est membre d’une communauté ethnique ou clanique, il est également membre d’une communauté nationale et citoyen d’un pays. Que la citoyenneté confère des droits mais impose aussi des devoirs. Savoir qu’être citoyen exige des comportements et des attitudes responsables qui sont autant de garanties du bon fonctionnement de l’Etat, de la cohésion sociale et de la concorde nationale. Savoir que l’on ne peut pas, en notre nouvelle collectivité nationale, se replier sur ses contribules, suspecter et exclure les autres. Savoir que, sans vouloir gommer les réalités communautaires, l’on doit voir large, penser et agir en termes de nation. Car la tribu s’est enrichie d’autres tribus et le nouvel ensemble ambitionne de se construire en une sorte de super-tribu, en nation.

Dans la même optique de formation morale, l’enfant doit développer à l’école le sens du progrès et trouver sa voie personnelle. Il nous revient de lui apprendre que cet animal singulier qu’est l’homme, est doué d’un merveilleux pouvoir, celui de penser, de réfléchir aux choses comme aux êtres. Le pouvoir de s’interroger, d’interroger ce qui l’entoure et d’avancer. Le pouvoir de lire le passé et de décrypter le présent. Le pouvoir de scruter l’avenir pour s’y projeter. L’homme est capable de se construire et de construire. Il est capable de solutions aux problèmes qu’il rencontre. Ainsi de la Djiboutienne et du Djiboutien qui ne sont pas moins intelligents que les autres humains qui peuplent la planète. Tout est affaire de volonté au sens positif du terme. Volonté d’apprendre pour comprendre et avancer. Volonté d’exercer et de développer ce sens humain du progrès.

De la sorte, l’enfant se met en position de mieux connaître ses aptitudes particulières, de mieux détecter ses talents, pour trouver sa voie dans la vie. Il entreprend avec confiance d’exprimer son potentiel, de préparer son avenir d’homme et de citoyen.

Le chemin trouvé, peut venir l’ambition. Ambition pour soi-même bien entendu, mais aussi, par ricochet ou non, pour la collectivité. Point une ambition aveugle pour laquelle compterait seule la fin. Celle-là n’en est pas véritablement une, car elle porte en elle son pesant de danger. Du fait même de son aveuglement, de sa poursuite exclusive de l’objectif, elle n’hésiterait pas à faire fi de tout le reste, en particulier de la question fondamentale des moyens. Elle tendrait à s’affranchir des impératifs moraux, à user de tout, bref à abuser. Toute ambition aveugle, irraisonnée, est quelque part destructrice. L’histoire humaine d’hier et d’aujourd’hui nous l’enseigne abondamment.

            Ce qu’il faut c’est une ambition positive, une ambition qui intègre autant de facteurs que nécessaire, qui ne se départit jamais du sens critique. En un mot une ambition qui construit.

            En même temps qu’elle stimule le sens du progrès et de l’orientation, l’école se doit de cultiver le goût du bien-être, de l’équilibre physique et mental. A cet égard, le sport est un précieux outil. Ses bienfaits ne sont plus à démontrer. Il entretient le corps et relaxe l’esprit. Il régénère l’énergie vitale et préserve la santé. Il est source de bien-être et de confiance en soi pour l’individu, se répercute positivement sur la collectivité.

D’autre part, nous voulons que l’école ne reste pas l’apanage des jeunes, qu’elle n’accueille d’ailleurs pas tous : selon les chiffres officiels, le taux d’analphabétisme pour les quinze ans et plus est supérieur à 70%. Elle doit aussi accueillir les adultes tant pour l’alphabétisation, l’éducation citoyenne que pour la formation tout au long de la vie.

 L’analphabétisme est trop élevé dans notre pays où il constitue un drame pour beaucoup d’entre nous à une époque où lire, écrire et compter sont devenus une nécessité vitale. Ses victimes en souffrent au quotidien, dans la vie de tous les jours, et il n’est point besoin d’être observateur averti pour s’en rendre compte.

 La collectivité nationale n’en souffre pas moins qu’il prive d’une grande partie des ressources humaines dont elle a besoin pour aller de l’avant. C’est un grave handicap, un manque à gagner inestimable, un anachronisme douloureux.

C’est que, par manque de volonté politique, le fléau n’a jamais été combattu comme il se doit. Le projet ambitieux et volontariste, élaboré durant les années 1980 en liaison étroite avec l’UNESCO, sous l’impulsion du père fondateur du PRD, le regretté Mohamed Djama Elabé, alors ministre de l’Education nationale, pour éliminer l’analphabétisme à l’horizon 2000, a malheureusement échoué. Faute de détermination au plus haut niveau de l’Etat, il a dégénéré, comme tant d’autres choses, en un vernis sans lendemain, alimentant au passage certaines poches.

D’où l’urgence à s’attaquer au problème de l’analphabétisme qui nous interpelle à tous points de vue, moralement, socialement, économiquement et politiquement. S’y attaquer sans oublier que son traitement doit s’accompagner d’une conscientisation citoyenne. Apprendre à l’adulte analphabète à lire, écrire et compter, lui apprendre de quoi s’insérer dans le tissu économique, mais aussi l’aider à mieux s’appréhender comme citoyen et à mieux se conduire comme tel.

La même urgence se pose pour la question de la formation tout au long de la vie. Qu’elle soit de perfectionnement dans son métier ou de reconversion à un autre. C’est la suite logique et indispensable de la formation initiale. C’est motivant et valorisant pour l’individu. Sécurisant aussi. C’est bénéfique pour la collectivité qui entretient ainsi le souffle bâtisseur des compétences.

Pour tout ce, sachons d’abord compter sur nos moyens, nos intelligences et nos énergies, en recourant notamment à l’appareil scolaire qui, après réhabilitation, peut grandement nous aider. Sachons nous aider avant d’appeler à l’aide. Car, pour généreux qu’il puisse être, l’extérieur ne peut se substituer à nous. Il peut nous apporter de l’aide, mais c’est à nous de réfléchir et d’agir. A nous de faire le principal.

Ainsi voyons-nous notre système éducatif. Et, à l’évidence, la conception et le pilotage d’un tel système ne peuvent aller sans la pleine implication de tous, à commencer par les enseignants et les parents. L’on ne peut valablement poser le diagnostic et proposer les remèdes, l’on ne peut sérieusement avancer sans celles et ceux qui se consacrent à transmettre les connaissances, sans les professionnels de l’école, sans les usagers que sont les élèves et les parents, sans le reste de la société, sans tous celles et ceux qui ont quelque chose à apporter.

C’est dire si l’école djiboutienne, dont l’état laisse à désirer tant en termes de conditions de travail, de capacité d’accueil, de rendement qu’au niveau du climat social, est à réhabiliter. Elle doit bénéficier d’une attention toute particulière dans les préoccupations des décideurs.

 L’effort que le MRD, votre MRD, entend consacrer à l’Education nationale est à la mesure des besoins.

Nous voulons doter l’école des moyens de sa mission telle que nous avons essayé de la définir plus haut. Concrètement, cela passe par une réforme profonde du système. Par un réexamen de son architecture générale. Par des méthodes et des contenus adaptés, par des moyens matériels suffisants, par la fin des sureffectifs et des surcharges de travail. Cela passe par une réhabilitation du métier d’enseignant, métier noble s’il en est, en améliorant grandement la condition matérielle de l’enseignant djiboutien, sa formation mais aussi son environnement professionnel. Enseigner doit redevenir attractif et gratifiant.

Conscients de ce que, pour nous autres humains, l’homme est la plus précieuse des richesses, nous entendons consacrer à l’effort éducatif la part qu’il mérite dans l’allocation des ressources publiques. Une part à la mesure des défis à relever et que bien des Djiboutiens connaissent : éradiquer l’analphabétisme et l’inculture civique, promouvoir la formation tout au long de la vie et élever grandement le niveau moyen national en faisant échec à l’échec.

Nous ambitionnons de faire en sorte que, dans un avenir raisonnable, pas moins de 80% d’une génération d’âge parvienne au baccalauréat. 

Pour un pays de modeste taille comme le nôtre, qui, même mal géré, génère chaque année des dizaines de milliards de nos francs de ressources publiques, en termes de recettes budgétaires internes et de ressources extérieures, pour un pays où l’exploitation optimale des atouts reste à venir, accorder la part du lion à la valorisation de son capital humain, est tout à fait possible.

 

 

Eduquer hors de l’école

 

Cependant, si l’école est, comme nous venons de le souligner, un lieu privilégié à la disposition de l’Etat éducateur, elle n’est pas le seul moyen. D’autres possibilités d’action existent que l’on peut utilement manier pour éduquer les citoyens. Outre la cellule familiale, les médias de masse tels que la radio, la télévision voire la presse écrite, les acteurs traditionnels mais aussi l’action extrascolaire de l’Etat, peuvent participer à l’éducation.

Bien entendu, il y a d’abord la cellule familiale et le rôle éducatif naturel des parents. Ce sont le premier maître de l’enfant. Le plus important. Aussi doivent-ils être à la hauteur de cette mission, comme de leurs autres responsabilités. L’éducation familiale doit être en phase avec celle sociale et nationale. Pour cela, il importe que les parents aient conscience de la portée des comportements et valeurs qu’ils inculquent à leur progéniture. Ils doivent voir large et savoir qu’ils ont entre les mains un citoyen en devenir pour l’éduquer en conséquence. Avec, au besoin, l’aide de l’Etat qui, outre la dynamique éducative nationale qu’il engage, doit pouvoir orienter voire accompagner ceux des parents qui le nécessitent.

Les médias de masse peuvent être aisément employés à bon escient en tenant naturellement compte de leurs impacts respectifs. Ils peuvent être utilisés pour tous les aspects du rôle éducatif de l’Etat : acquisition des connaissances, enracinement socio-culturel, formation civique et démocratique, esprit de progrès, etc. Des médias tels que la radio et la télévision peuvent se révéler un formidable levier d’action au bénéfice de la population djiboutienne. De tradition orale, les Djiboutiennes et Djiboutiens, même instruits, regardent et écoutent beaucoup. La radio, par exemple, est écoutée de toutes les couches et dans toutes les régions de notre petit pays. Pourquoi ne pas, dès lors, offrir aux auditrices et auditeurs  des programmes éducatifs, des émissions d’apprentissage et de découverte, des émissions de conscientisation, des moments d’échanges, des débats d’idées ?  Pourquoi ne pas intégrer ces médias dans l’effort éducatif de l’Etat ? Il s’impose, pour ce faire, d’en finir avec les habitudes actuelles de complaisance au prince et d’inertie qui n’honorent pas les médias d’Etat, de  redéfinir leur  rôle à des fins d’édification et de les doter des moyens de leur action. Il s’impose aussi de nous inspirer, dans la mesure du possible, chaque contexte ayant ses spécificités, des expériences similaires réussies sous d’autres cieux.

Nous sommes convaincus que, dans un petit pays comme le nôtre, où les gens, même dans les contrées les plus reculées, se soucient d’avoir leur poste de radio, où la télévision peut se généraliser au milieu rural et aux couches défavorisées à travers une aide appropriée de l’Etat, se couplant avec l’usage des énergies alternatives (notamment solaire et éolienne), où peut se promouvoir la presse en nos langues nationales (qui sont déjà transcrites), il est possible de mettre les médias au service de l’éducation et de l’édification. 

Les acteurs traditionnels peuvent aussi contribuer à l’action éducatrice. Ils peuvent et doivent être associés à cet effort éducatif. Ils sont utiles pour l’enracinement culturel, la maîtrise des langues nationales. Ils sont utiles pour relayer l’école dans la promotion de l’esprit citoyen et dans la consolidation du sentiment national. Il faut les associer en amont lors des états généraux. Les associer en aval pour la mise en oeuvre des décisions issues de ces assises. Sages et autres chefs coutumiers, religieux, grands-parents, poètes et autres chanteurs, sont autant d’agents éducatifs potentiels dont il faut obtenir l’adhésion et la mobilisation. Rappelons-nous qu’en milieu rural, les grands-parents, lorsqu’ils sont en vie, jouent un rôle de premier plan dans l’éveil culturel et social de l’enfant.

Leur implication, aux côtés des autres acteurs de la société, aux côtés des enseignants, des parents d’élèves, des intellectuels, des écrivains et autres artistes, des politiques, des associatifs, des agents publics et des opérateurs économiques, est d’autant plus possible qu’il s’agit, non de leur imposer un vulgaire rôle de propagande au service d’un individu ou d’un groupe, mais de les faire participer à la réalisation d’un projet national qu’ils auront contribué à concevoir.

Aux mêmes fins d’éducation, l’action extrascolaire de l’Etat, l’action de ses divers rouages, doit refléter son discours. Loin de la mauvaise foi et du ridicule actuels, elle doit montrer que paroles et actes concordent. L’Etat, que ce soit au niveau politique, administratif et économique, ou au plan socio-culturel, sécuritaire et diplomatique, doit prêcher par l‘exemple.  Il lui faut convaincre par une pratique bâtisseuse et citoyenne du pouvoir. Il lui faut être cohérent et transparent, servant, expliquant, sensibilisant, prévenant et, au besoin, intervenant et punissant.

Avec l’école et ses ressources, la cellule familiale et le reste de la société, avec les médias et l’action publique, l’Etat éducateur, on le voit, ne manque point de leviers d’action. Il lui appartient d’en faire bon usage. Il lui revient d’insuffler une dynamique fructueuse, de stimuler et d’orienter les énergies, les compétences et les intelligences.

 

Éduquer inlassablement. Éduquer avec conviction et abnégation. Éduquer pour édifier.

Educateur, l’Etat doit aussi protection à ses citoyens. Protéger la personne humaine, dans son intégrité physique comme dans ses biens et droits. Protéger les libertés fondamentales telles que les libertés d’expression, de réunion, d’association, de conscience, etc. Mais aussi protection par la satisfaction des besoins. Besoins d’éducation, de santé, d’emploi, de logement, de vie peu chère, d’infrastructures. Besoin de justice sociale et de solidarité avec les plus vulnérables que sont les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les minorités. De même, protéger la culture nationale et préserver l’intégrité territoriale.

 

1 - Protéger la personne humaine exige l’existence d’institutions républicaines de sécurité et de justice

 

Il nous faut des forces de police et de gendarmerie qui soient bien formées, équipées et à l’abri des besoins. Des forces qui rompent avec les pratiques actuelles de corruption et d’inféodation au pouvoir qui en font des quasi-milices privées et ternissent d’autant leur image auprès du peuple. Des forces qui sachent qu’elles ont à protéger le citoyen, non à le soumettre à un autocrate, et qui, outre les missions traditionnelles de police administrative et judiciaire, prennent en compte le besoin de plus en plus exprimé de présence de proximité.

Il nous faut des policiers et des gendarmes compétents, responsables, proches des gens. Des agents et des officiers qui surveillent nos frontières, assurent l’ordre et la tranquillité publics, veillent à la salubrité, protègent l’expression démocratique (vote, manifestation, sit-in, marche démocratique, etc.) sans entraves ni répression arbitraires, assistent les juges en recherchant et arrêtant les auteurs d’infractions. Il nous faut des femmes et des hommes qui sécurisent la vie de tous les jours au plus près des administrés. Il nous faut, en un mot, des forces efficacement républicaines, qui nous rassurent, non nous apeurent.

Nous avons pareillement besoin d’une justice compétente et indépendante du pouvoir exécutif. Une justice qui dispose des moyens de sa mission, qu’ils soient matériels ou humains. Une justice qui recrute selon des critères objectifs de qualification, de compétence, de dynamisme et de bonne moralité, qui rémunère décemment ses membres et les prémunit ainsi des tentations négatives. Une justice qui s’appuie sur des auxiliaires à la hauteur de leurs missions, capables de répondre aux exigences légitimes du service public : agents et officiers de police judiciaire, avocats, huissiers de justice, greffiers et autres experts. Nous avons besoin d’une justice qui rende ses décisions selon la Loi et en âme et conscience, au lieu de juger suivant les injonctions de l’exécutif.

Il est vital d’en finir avec l’état désastreux de nos institutions de sécurité et de justice.

 

2 - La protection du citoyen passe aussi par celle des libertés publiques

 

La liberté d’expression, y compris celle de la presse, la liberté d’association (celle de se constituer en association, en parti politique, en syndicat, etc.), la liberté de réunion (celle de tenir des réunions privées ou publiques), la liberté de conscience, les libertés de mouvement, de commerce, etc., toutes ces libertés sans lesquelles il n’est tout simplement point de Liberté doivent pouvoir s’exercer sans entraves inutiles. Sans limites autres que celles que nécessite la vie harmonieuse en société moderne. Sans limites autres que les considérations bien comprises d’ordre public. Sans autres restrictions que celles dûment édictées par la Loi dans l’intérêt bien compris de la Nation.

 

3 - Protéger par l’éducation

 

C’est un domaine vital et prioritaire comme nous l’avons vu. Eduquer l’homme, au sens large bien entendu, c’est lui permettre de se révéler à lui-même comme à la société. C’est l’aider à cheminer, à exprimer son potentiel, à parvenir à cette existence d’être conscient et responsable qui doit être la sienne. Eduquer c’est bâtir.

En éduquant l’homme, on jette les fondations humaines du progrès collectif. Car sans têtes bien faites, sans intelligences en éveil, point de présent harmonieux ni avenir radieux. 

Eduquer les jeunes comme les moins jeunes. Eduquer au sens large du terme, pour intégrer la dimension morale, socio-culturelle et citoyenne. Eduquer tout au long de la vie. Eduquer pour surmonter les aléas de l’existence.

 

4 - Protéger par un système de santé citoyen

 

Cela suppose un système performant au service de tous. Pas une médecine à double vitesse qui accueille les uns et exclut les autres, bienveillante avec les possédants et sourde aux appels des pauvres. Pas une médecine de l’argent qui fasse peu de cas de l’Homme. Nous ne voulons point de cette médecine-là qui n’a rien d’humaniste et relève de la seule logique du profit.

Notre médecine, au sens large du terme, doit être accessible à toutes et tous, aux plus modestes comme aux autres, en vertu du principe juste de l’égalité devant le service public. Elle doit obéir à des règles d’organisation et de fonctionnement claires et admises de tous.

Pour être performant, notre système de santé doit beaucoup se soucier de son capital humain, de ses professionnels. Il doit motiver au mieux ses ressources humaines, de manière à en obtenir un dévouement optimal. Ce qui passe par une bonne formation, une rémunération qui mette le personnel à l’abri des besoins, une gestion équitable des carrières, un dialogue constant et constructif, bref par un bon climat social.

Mais s’il lui faut gagner les cœurs et les esprits des professionnels, le système doit aussi intégrer le public. Il lui est vital de se faire transparent, disponible, attentif pour gagner la confiance populaire. Il doit être à l’écoute du public, l’associer à sa vie, le faire participer au débat sur son avenir. Il doit vivre et avancer avec les femmes et les hommes qui font sa raison d’être, avec tous les hommes et femmes. Et non obéir au bon vouloir d’une poignée de profiteurs qui n’ont que faire de l’intérêt général.

Un tel système sanitaire doit, en amont, faire une large place à la prévention et à l’éducation populaire pour alléger, en aval, le coût de l’indispensable couverture curative, c’est-à-dire des soins. Une population informée, sensibilisée sur les règles d’hygiène, sur la dangerosité de certaines pratiques et habitudes, sur les risques liés à tel ou tel comportement, bref une population conscientisée pour devenir actrice de la préservation de sa santé, est moins exposée qu’une autre à la maladie. Elle allège d’autant son budget curatif.

Cependant, le dispositif ne serait pas complet sans la médecine privée. Elle doit y avoir sa place, toute sa place. Mais elle doit être au diapason du secteur public et intégrer les préoccupations nationales. En d’autres termes, la médecine libérale ne peut perdre de vue que toute médecine digne de ce nom est fondamentalement humaniste. C’est une évidence mais qu’il ne nous semble point inutile de rappeler à une époque que caractérise la recherche échevelée du profit. Nous pensons qu’il est possible de vivre décemment de son art sans assommer ses patients de tarifs excessifs. D’ailleurs, il peut et doit être recherché les modalités d’une coopération fructueuse entre les deux secteurs, entre le privé et le public. Pour mieux servir l’intérêt général, il doit être trouvé les moyens d’une co-existence harmonieuse.

 

5 - Protéger par l’emploi

 

 Pour le commun des femmes et des hommes, être sans emploi salarié, c’est être sans ressources. Et sans ressources, il est difficile de vivre dans la société monétisée aujourd’hui nôtre. C’est la survie même qui est menacée. Finis les temps où l’on pouvait, sobrement, se contenter de quelques têtes de bétail pour survivre. En changeant de milieu de vie, nous avons changé de moyens de subsistance. Il nous faut aujourd’hui travailler pour subsister. Gagner sa vie passe par le travail rémunéré.

Il s’ensuit que, pour le citoyen djiboutien, il doit être possible de travailler. C’est de la responsabilité de l’Etat. Dans ses possibilités aussi. La situation de chômage massive (70% selon les chiffres officiels), la situation de méga-chômage qui nous accable, n’est pas une fatalité. Elle est la conséquence de la mal-gouvernance.

Ce qui crée l’emploi, c’est l’investissement, qu’il soit public ou privé. Or, que l’on soit djiboutien ou étranger, l’on n’investit que si l’on estime que cela en vaut la peine, que si l’on y trouve un intérêt. L’on n’investit pas dans un environnement aussi délabré que celui qui résulte du système Ismaël Omar Guelleh. L’on n’investit pas dans un pays où les décideurs et institutions sont corrompus, où il n’y a pas de sécurité juridique et judiciaire, où il faut soudoyer pour la moindre démarche, où la protection pour sa personne et ses biens se monnaye au prix fort. L’on n’investit pas dans un pays où les décideurs présentent la poche aux investisseurs au lieu de leur tendre une main de bienvenue, où la culture du casho ou maaco, entendez manger, prédomine. On évite soigneusement un tel environnement, à moins d’être myope, ou d’avoir des penchants mafieux et de vouloir se joindre à la meute. Aux yeux de l’investisseur honnête, qui a des idées et du capital, qu’il soit étranger ou non, le climat à la Ismaël Omar est sans avenir. Donc sans intérêt.

Ne parlons même pas des investissements publics. L’on sait ce qu’il en est, ce que sont les projets du régime et ce qu’il en advient. L’on connaît le sort des usines d’eau (mise en bouteille, s’entend) et de marbre d’Ali-Sabieh, celui des Eaux de Tadjourah. L’on sait ce qu’il est advenu du Port de pêche, de la Laiterie ou des Aliments du bétail de la capitale. L’on se souvient du projet mirage, encore un, dit de recyclage des ordures inauguré en grande pompe à Doudah en 1999. La liste est longue, trop longue.

Pour renverser la vapeur, il faut renverser le mal-ordre. Il faut restaurer l’ordre naturel des choses. Il faut un Etat digne de ce nom qui réunisse les conditions de la création d’emplois. Il faut un Etat qui bâtisse et incite à bâtir. Un Etat qui attire au lieu de repousser. Qui attire les investissements étrangers en recherche d’opportunités, en suscite chez ses citoyens, en fait lui-même quand il le faut. Un Etat créatif, novateur. Un Etat dynamique et dynamisant.

Nous avons à conduire une politique volontariste de l’emploi. Une politique, non isolée et donc bancale, mais qui s’inscrive dans une stratégie générale de gouvernement. Car la lutte contre le chômage est une action d’ensemble qui doit mobiliser toutes les énergies. Pour faire reculer aussi drastiquement que possible un chômage devenu endémique, il faut travailler à levers les obstacles aux investissements créateurs d’emplois et de revenus. Pour ce faire, agissons à plusieurs niveaux. En termes d’environnement général : asseoir la démocratie et l’Etat de droit, garantir la sécurité juridique et judiciaire, assainir les mœurs publiques et l’administration, reformer la fiscalité et le code des investissements. En termes de promotion de nos atouts : promouvoir notre positionnement stratégique, notre vocation à devenir un centre d’éclatement régional, nos port et aéroport modernes, nos transports, nos télécommunications, notre monnaie stable et librement convertible, notre savoir-faire pour un certain nombre de prestations de services, nos possibilités touristiques, notre population jeune et ouverte au progrès dont une certaine frange a pu se former en dépit de la mal-gouvernance, etc. En termes de réduction des coûts : diversifier les sources de l’énergie électrique pour la rendre plus accessible, combattre la vie chère qui renchérit la main d’œuvre, développer la formation des Djiboutiennes et Djiboutiens, etc.

Il s’agit, voyons-nous, de créer des emplois durables et de faire en sorte qu’ils trouvent des femmes et hommes aptes à les occuper.

Et dans cet esprit, la situation actuelle qui fait que les chômeurs sont livrés à eux-mêmes doit cesser. Il nous faut imaginer un mécanisme qui recense au plus près les chômeurs de manière à cerner sérieusement le problème. Car plus l’information est adéquate, plus la réponse sera pertinente.

Recenser mais aussi accompagner humainement les sans-emploi durant l’épreuve du chômage. Il convient de réfléchir à la mise en place d’une assurance chômage pour les travailleurs.

De la sorte, les Djiboutiens retrouveront confiance et espoir, verront que chacun a sa place dans la collectivité, que tous les talents sont bienvenus, que les femmes et les hommes qui les portent peuvent en vivre. De la sorte, ils serviront honnêtement leur intérêt et celui de la société, chacun comprenant que mérite rime avec récompense.

C’est de cette manière que nous reconquérrons notre crédibilité extérieure et la confiance de nos partenaires et des investisseurs.

 

6 - Protéger par le logement

 

Le logement n’est pas une faveur réservée à une minorité de privilégiés mais un droit que l’on doit être en situation d’obtenir. Se loger décemment n’est pas un luxe mais un besoin élémentaire à satisfaire en priorité. Ne pas disposer de son logement est un signe de précarité. C’est contre-productif en termes d’intégration nationale.

Nous refusons de croire, comme tendent à nous l’inspirer trente ans de mal-gouvernance, qu’accéder au logement relève de l’impossible. Le logement décent doit cesser de paraître un rêve impossible pour le plus grand nombre.

Il s’impose ici de conduire une politique à la mesure des besoins qui sont considérables. Cette politique doit partir d’un fidèle état des lieux. Il faut intégrer toutes les données. A savoir nos niveaux de revenus et leur évolution compte tenu du renouveau engagé, la nécessité d’adapter le logement à nos conditions climatiques, l’existence de matériaux locaux utilisables, le savoir-faire national, l’aide extérieure au logement , etc.

Nous devons garder à l’esprit que notre pays n’est pas le seul confronté à ce problème à travers le monde. Il n’est pas le seul pays du Sud qui ait à traiter cette question. D’autres l’ont fait ou le font. Des pays pas forcément plus riches ni plus malins que nous. Des expertises et des expériences réussies existent en la matière et peuvent nous inspirer.

Il nous faut aboutir à un système de logement transparent, incitatif et efficace. Un système en phase avec la politique d’urbanisation et d’aménagement du territoire. Un système qui dispose de ses sources de financement et de son savoir-faire. Un système aussi bon marché que possible. Un système qui ne néglige aucune couche ni aucun revenu.

 Voilà comment il nous semble possible de prendre à bras le corps le lancinant problème du logement.

 

7 - Protéger par la lutte contre la cherté de la vie

 

Que notre pays est l’un des plus chers au monde n’est un secret pour personne. Mais cette cherté ne nous est pas imposée du ciel, ainsi que nous le répétons depuis des années, elle est largement artificielle. S’il est vrai que nous importons la quasi-totalité de ce que nous consommons, ce qui n’est pas une fatalité non plus, cela ne signifie nullement que nous sommes condamnés à importer cher ni à laisser pratiquer des marges bénéficiaires excessives. Pas plus que nous ne sommes obligés de taxer sans tact les denrées de première nécessité. La cherté de la vie a à voir avec l’absence de politique d’approvisionnement, avec les pratiques commerciales locales et le contrôle défaillant des prix des produits vitaux et stratégiques, avec la politique fiscale.

 Mieux faire en la matière est tout à faible possible. Il est urgent de nous donner les moyens d’une bonne connaissance des marchés internationaux pour un approvisionnement à moindre coût. Le monde des producteurs ne se limite pas à quelques contrées, il est bien plus vaste. Il convient de mieux l’étudier, de mieux le connaître pour mieux nous fournir.

Sur le front de la distribution locale, l’Etat doit être capable de faire évoluer positivement les pratiques commerciales. Capable de contribuer à un meilleur savoir-faire de nos opérateurs. Capable de vigilance anti-abus pour protéger les consommateurs. Il lui faut montrer à nos importateurs qu’il est possible de faire des affaires sans importer cher, ni sacrifier la qualité, ni écraser les consommateurs sous les prix.

Urgent aussi de revoir la fiscalité qui nous renchérit la vie. La fiscalité doit être conçue pour servir l’intérêt général, non le desservir. Cela commande une réforme de notre système fiscal pour le faire participer à la lutte contre la vie chère, à l’effort de compétitivité économique,  sans nuire au financement de l’action publique.

Gardons toujours à l’esprit qu’une vie moins chère, c’est un niveau de salaires plus compétitif, un coût de main d’œuvre plus propice aux investissements, une activité économique plus forte, des possibilités de redistribution accrues. C’est un développement socioéconomique plus aisé.

 

8 - Protéger par les infrastructures de base

 

Nos routes, notre réseau d’assainissement et d‘évacuation des eaux pluviales, nos fournitures d’électricité et d’eau, nos ports et aéroports, nos télécommunications, notre urbanisme, notre aménagement du territoire, notre environnement, tous ces domaines cruciaux ne font pas l’objet de l’attention qu’ils méritent. Ils ne sont pas perçus par le régime pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des nécessités pressantes, des priorités pour l’action publique et le développement.

Il faut nous atteler à la tache et doter le pays d’infrastructures dignes de ce nom. Développer le réseau routier de manière à faciliter grandement les communications à l’intérieur de notre petit pays et avec les Etats limitrophes. Désenclaver le pays intérieur (qui semble se réduire aux chefs-lieux dans l’esprit du pouvoir en place) et faciliter (en concertation avec les gouvernements concernés) les liaisons routières avec nos voisins. Les routes, comme en témoigne notre Fonds d’investissement routier, ainsi que le montre la pratique du péage ailleurs dans le monde, peuvent générer des ressources utilisables pour leur entretien comme pour l’extension du réseau. Il est donc temps de remettre en état nos quelques routes, en construire d’autres. Sans oublier le chemin de fer, mode de transport bon marché, qui nous relie aux plateaux éthiopiens.

Une autre urgence est de nous pencher sérieusement sur le récurrent problème de l’assainissement et de la propreté, dans la capitale comme ailleurs. A cet égard, réhabiliter le service de voirie en le dotant des moyens de son action et en y mettant les femmes et les hommes qu’il faut. Développer le système d’assainissement en accord avec la politique d’urbanisation. Le spectacle des dangereux cloaques et autres amoncellements de détritus, doit cesser. Nos villes et villages doivent retrouver un visage décent. C’est un impératif de vie et de santé publique.

De même, trouvons les voies et moyens de mettre fin aux inondations incessantes de la capitale. Mettons en place un mode fiable d’évacuation des eaux pluviales. Un mode qui s’insère dans un urbanisme responsable, qui soit en phase avec le développement de la ville.

Urbanisation, disons-nous. Ce n’est pas enfermer dans du béton sans âme, ni dans des ghettos d’un autre âge. Procédons à un véritable état des lieux. Tirons les leçons des échecs du passé, intégrons les contraintes liées aux implantions côtières et aux risques du réchauffement climatique, concevons un urbanisme d’avenir. Réfléchissons à la situation de ces bas quartiers de la capitale qui ont toujours été négligés dans la «politique» de la ville.

 Il nous faut coupler l’urbanisation avec une action d’aménagement harmonieux du territoire. Aménager le territoire n’est pas engorger la capitale et laisser la province se vider ! Aménager c’est corriger les disparités entre la capitale et la province, entre les chefs-lieux et le reste du pays intérieur. C’est rééquilibrer les choses pour rendre zones rurales et centres urbains des lieux de vie décente et d’épanouissement pour le plus grand nombre.

Et l’environnement ? Il ne peut se préserver à coups d’atteintes graves ! Il est temps de sauver notre fragile écosystème. Mettons fin aux pratiques négatives. Combattons la coupe de bois sauvage, le braconnage, les pollutions diverses. Reboisons pour faire reculer le désert. Reboisons pour reconstituer notre modeste couvert végétal. Voyons même dans quelle mesure introduire la verdure aux contrées traditionnellement pelées. Rendons leur éclat à toutes nos plages.

La protection environnementale requiert un effort soutenu de réflexion et d’action, de surveillance de terrain et de sensibilisation populaire. Elle appelle la participation de tous.

Gérons en bon père de famille nos ports, nos aéroports, nos télécommunications, bref nos établissements publics en général. Il est scandaleux que ces éléments du patrimoine public soient confisqués par les gouvernants, administrés à leur profit. Il est inacceptable que notre port et notre aéroport échappent au contrôle public. Cette situation doit cesser. Ces poumons de notre économie, ces bassins d’emplois et de progrès, doivent être au service du pays et de son développement.

Gérons mieux et démocratisons l’électricité. Ne pas hésiter, ici, à explorer toutes les possibilités alternatives à l‘électricité thermique basé sur le pétrole. Recourir aux énergies nouvelles comme l’éolienne, la solaire. A l’heure du réchauffement climatique planétaire et d’une certaine prise de conscience des risques liés aux énergies d’origine fossile, les énergies alternatives, dites nouvelles et renouvelables (force du vent, force des marées, énergie du soleil, etc.), existent et se développent. Elles le font d’autant plus que les crises répétées du pétrole plongent régulièrement le monde dans des difficultés. Intéressons-nous-y activement.

Dans la même optique, réétudions notre géothermie, réévaluons sainement son potentiel. Elle n’a pas livré tous ses secrets. Intéressons-nous pareillement à ce qu’offrent les pays limitrophes. Ne pas craindre de nous tourner vers notre voisin éthiopien pour notre approvisionnement en énergie. Il s’offre à nous des possibilités d’interconnexion électrique avec son réseau hydraulique qui, nous le savons, est considérable. C’est une offre d’électricité comme toute offre autre économique, une pratique devenue courante à travers monde, et nous aurions tort de nous en priver. Recourons-y de manière responsable.

Il est temps, pour nous, de faire en sorte que l’électricité ne soit plus un produit inabordable pour le plus grand nombre.

D’autre part, il convient de prendre à bras-le-corps la problématique de l’eau. L’eau doit devenir accessibles à tous. Il s’impose d’en finir avec la mal-gestion actuelle et de bien gérer ce précieux liquide, en amont, avec la production, en aval, avec la consommation.

 Il est urgent de combattre, et partout, la pollution des ressources. A Ambouli, dans la capitale, à la palmeraie de Dikhil, au Sud-ouest du pays, etc. Urgent de capter les eaux de pluies pour aider au renouvellement des nappes phréatiques et améliorer l’approvisionnement. Songeons aux millions de m3 d’eau du ciel qui, à chaque saison de pluies, se perdent sous nos yeux ! Urgent de lancer, à l’échelle nationale, une campagne rationnelle de recensement de nos ressources en eau.

En aval, luttons contre le gaspillage, qu’il soit lié aux déficiences du réseau ou à une mauvaise utilisation par les consommateurs. Sensibilisons la population sur le fait que l’eau n’est pas un bien indéfiniment abondant. Travaillons à changer notre rapport à l’eau, à nous inculquer des réflexes utiles, bref à acquérir une culture de bon usage.

 Il est temps de nous mobiliser pour éloigner le spectre récurrent de la pénurie et de la soif !

 

9 - Les plus vulnérables ont aussi besoin de protection

 

Ce sont, outre les chômeurs, la jeunesse, la femme, les personnes âgées et les minorités. Il s’agit de groupes qui, de par leur situation difficile, nécessitent une attention particulière.

Les jeunes, pour commencer par eux, constituent l’essentiel de la population djiboutienne. Pas moins des deux tiers des six à sept cent mille habitants. Ils sont pourtant largement victimes de la mauvaise gouvernance. Victimes de non-scolarisation, d’échec scolaire, de non-insertion sur le marché de l’emploi, de manque de loisirs. Victimes d’exclusion, en un mot.

Ils doivent, par conséquent, faire l’objet d’une véritable politique de la jeunesse. Parallèlement à la réhabilitation d’un système éducatif désormais sinistré, les jeunes déscolarisés et autres non scolarisés doivent trouver la voie d’une réelle insertion socioprofessionnelle. L’Etat doit scolariser (ou re-scolariser quand cela est possible), former à un métier répondant aux besoins de l’économie dans le cas inverse, sans distinction de sexe ni discrimination d’aucune sorte. Il doit se soucier de doter la jeunesse d’équipements de loisirs. Il est scandaleusement anormal que nos quartiers ne disposent pas de véritables lieux de détente pour jeunes, qu’ils manquent d’aires de jeux, d’espaces verts. Scandaleux que les activités culturelles et sportives demeurent sous-développées. Anormal que nos jeunes, mais aussi nos adultes, ne jouissent pas du bel air de nos belles plages, livrées au béton et à la  pollution. Anormal qu’ils aient pour seuls compagnons le khat, le tabac et autres méfaits du désespoir. Il est temps que tout cela change.

Temps que change aussi la situation de la femme djiboutienne. Elle appelle un effort national à la mesure de la tâche à mener : valoriser ce formidable capital humain injustement délaissé par le pouvoir passe par la promotion tous azimuts (éducative, sanitaire, sociale, économique et politique) de la Djiboutienne. Elément essentiel de la cellule familiale, génératrice de vie et d’humanité, mère nourricière, éducatrice et protectrice, la femme djiboutienne doit aussi devenir pleinement citoyenne. Elle doit, au-delà de son rôle social fondamental, contribuer à la marche et au progrès de la collectivité. Elle recèle de formidables gisements de talent et d’ambition, d’immenses ressources.

Les personnes âgées sont une autre priorité. Ce sont souvent des trésors négligés d’expérience et de savoir, mais aussi des victimes de la mal-gouvernance. Nous savons que le pouvoir en place a purement et simplement supprimé la pension pour de nombreux retraités, et l’a réduite à une taux de misère pour les autres. Il nous faut réhabiliter le système de retraite et, au-delà, l’ensemble de la sécurité sociale en tenant compte de la situation de toutes les personnes âgées.

Quant aux minorités, qu’elles soient communautaires, religieuses ou autres, il ne nous est point question de nous voiler les yeux sur leur sort. Les pouvoirs publics doivent veiller à ce qu’elles ne soient pas reléguées au rang de citoyens de seconde zone. Elles doivent jouir des mêmes droits et devoirs que leurs autres concitoyens. Elles ont le même droit inaliénable à l’égalité des chances et à la récompense du mérite. Les minorités doivent, au même titre que les groupes dits majoritaires, pleinement s’épanouir dans le cadre national.

 

10 - Plus généralement, protéger par la justice sociale

 

En luttant contre toutes les formes d’inégalités et en organisant la solidarité nationale. Ce qui requiert une politique novatrice et attentive qui, au-delà des effets, s’attaque aux sources des inégalités.

La moralisation des mœurs publiques est une urgence. Elle amène à combattre vigoureusement le népotisme, la corruption, le tribalisme et tous autres comportements négatifs. Elle amène à réhabiliter les valeurs de progrès tels que le mérite et l’égalité des chances.

Soulignons à ce propos que les pratiques publiques néfastes en cours dans les sphères dirigeantes de notre pays provoquent un renversement des valeurs et sécrètent une dangereuse culture de la médiocrité. Au nom de considérations de type alimentariste, les meilleurs, parce qu’ils ne sont pas insensibles à la dégradation généralisée, sont écartés et les médiocres récompensés qui ne sont pas susceptibles de déranger l’ordre établi. Il en résulte qu’à tous les niveaux de l’appareil d’Etat, la qualité (au sens large du terme) des agents et autres décideurs est souvent inversement proportionnelle à leur niveau de responsabilité. Situation qui se prolonge jusque dans le secteur privé où, par une logique de système, les médiocres supplantent souvent les meilleurs.

Il est clair que ces pratiques découragent par ricochet l’effort et l’esprit de progrès pour y substituer la tentation de la facilité et conduire droit à l’échec. Il est donc temps d’y mettre fin et de restaurer l’ordre naturel des choses où l’égalité des chances et la récompense du mérite suscitent le goût de l’effort, mobilisent les énergies, impriment et entretiennent la dynamique du progrès.

La justice sociale, on le voit, exige de l’Etat repensé que soit organisée la solidarité nationale entre jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, actifs et non actifs, entre majorités et minorités, régions riches et contrées pauvres, entre instruits et analphabètes... Il y va de l’équilibre national et de la cohésion sociale.

 

11 - Et la culture nationale ? 

Notre identité culturelle, nous l’avons dit plus haut, dans nos quelques considérations sur le rôle éducatif de l’Etat que nous appelons de nos vœux, a besoin d’être préservée. Elle doit pouvoir se transmettre par la famille, par l’école comme par la société.  

Mais notre culture ne peut se transmettre si elle n’est pas protégée. Elle doit s’inscrire dans les préoccupations de l’Etat repensé. C’est ainsi que notre patrimoine oral doit être transcrit pour en faciliter la sauvegarde, la transmission et la mise en valeur. Cela est indispensable à un moment où, en mutation, notre société connaît une réelle vulnérabilité. L’enjeu est si important, si vital, que s‘impose la création d’un Institut national du patrimoine oral, chargé (en liaison avec les autres départements de l’Etat comme l’Education nationale) de la préservation et de la promotion de l’oralité.

Est-il besoin, à cet égard, de rappeler que de même qu’un arbre ne peut subsister et croître sans plonger ses racines dans la terre nourricière, de même une nation ne peut survivre et se développer sans préserver ce qui fait son identité culturelle ? 

12 - Protéger par la préservation de l’intégrité du territoire national

 

 C’est la défense nationale. Elle appelle, non pas une armée en guenilles, des soldats mal formés et sous-payés, mais un outil de défense nationale rationalisé et réaliste. Un outil qui, outre ses tâches traditionnelles d’instruction et d’entraînement, en vue de défendre le pays en cas d’agressions extérieures, participe à l’effort de développement. Il nous faut une armée qui s’insère remarquablement dans l’effort national de construction du pays et de la nation.

Dans cette rationalisation de l’outil de défense, et parce que notre pays est trop petit pour se défendre tout seul, il n’est pas question de remettre en cause nos amitiés. L’idée d’accords de défense avec les nations amies, pour mieux garantir notre intégrité territoriale, nous est d’une grande utilité. Nous entendons la conserver. 

Le projet politique

02/05/15 : DAF au micro de Nabad-Nantes

Cycle de conférences du MRD : Thème du jour :TRIBU ET Tribalisme

Afhayeenka dallada Mucaaradka ah ee USN Daahir Axmed Faarax Oo Ka Hadlay Xadhiga Dr

Janvier 2011 : Message de DAF aux Djiboutiens